France

Motion de censure : le gouvernement Bayrou menacé avant l’été

La menace d’une motion de censure plane sur François Bayrou, accusé par le PS de renier ses promesses sur la réforme des retraites. Le RN, ambivalent, pourrait jouer un rôle décisif. Une chute du gouvernement avant l’été semble désormais envisageable.

Le spectre d’une motion de censure refait surface au Palais Bourbon, fragilisant le gouvernement de François Bayrou, en poste depuis six mois. La grogne monte, portée par le Parti socialiste (PS), qui reproche au Premier ministre de ne pas tenir ses engagements sur la réforme des retraites. Lors des négociations avec les partenaires sociaux, François Bayrou avait promis un projet de loi intégrant leurs conclusions, même en cas de désaccord. Mais ses récentes déclarations, laissant entendre que la réforme actuelle s’appliquerait faute d’accord, ont mis le feu aux poudres.

Le RN aura le dernier mot

« Il nous a donné tous les arguments pour le renverser », tonne Arthur Delaporte, député PS, brandissant une lettre où Bayrou s’engageait formellement. Boris Vallaud, président du groupe socialiste, a averti lors des questions au gouvernement : sans texte avant la trêve estivale, la censure sera inévitable.

Même les socialistes modérés, comme Jérôme Guedj, se rallient à l’idée d’une motion avant l’été, exaspérés par un Premier ministre jugé « méprisant » et affaibli par l’affaire Bétharram.

Pour Olivier Faure, premier secrétaire du PS, une censure permettrait de réaffirmer l’ancrage à gauche du parti, en vue d’une alliance avec écologistes et communistes pour 2027. Mais François Hollande freine des quatre fers, alertant sur le risque d’une dissolution de l’Assemblée, qui pourrait favoriser l’extrême droite ou un remplaçant pire que François Bayrou.

Le Rassemblement national (RN) détient la clé. Marine Le Pen hésite entre attendre le budget à l’automne et saisir l’opportunité immédiate, restant énigmatique. Si certains cadres RN doutent de la sincérité des socialistes, d’autres, comme Gaëtan Dussausaye, pressent Bayrou d’abroger la retraite à 64 ans.

Une convergence PS-RN, improbable mais pas impossible, pourrait sceller le sort du gouvernement. Reste que l’inéligibilité de Marine Le Pen l’empêcherait d’être élue à l’Assemblée et pourrait compromettre une éventuelle censure.

François Bayrou, conscient du danger, avait déjà résisté à une telle motion au début du mois de juin. Sa stratégie d’évitement alimente les tensions. À l’approche de l’été, l’hypothèse d’une chute brutale du gouvernement gagne du terrain, dans un climat politique toujours plus instable.