Le « conclave » des retraites, initié par François Bayrou pour apaiser les tensions autour de la réforme de 2023 et équilibrer le système d’ici 2030, a frôlé l’échec cuisant le 17 juin. Après trois mois et demi de discussions, les cinq partenaires sociaux encore présents – CFDT, CFTC, CFE-CGC, Medef et CPME – n’ont pas trouvé de terrain d’entente, repoussant l’espoir d’un accord à une réunion de la dernière chance fixée au 23 juin.
Tensions sur l’âge de départ et la pénibilité
Les négociations, marquées par des tensions palpables, ont achoppé sur des points cruciaux : la prise en compte de la pénibilité, l’abaissement de l’âge de départ sans décote à 66 ans et demi, et le financement des mesures. Si des avancées sur les carrières des femmes, comme le calcul des retraites sur les 24 ou 23 meilleures années pour les mères, semblent consensuelles, les désaccords persistent. Le patronat, accusé de « planter la négo » par la CFE-CGC, reste réticent. Patrick Martin, président du Medef, s’est dit « très réservé » sur sa participation le 23 juin, dénonçant un risque de « détricotage » de la réforme des 64 ans.
Les syndicats, eux, expriment leur frustration. « Le compte n’y est pas », déplore Christelle Thieffinne (CFE-CGC), craignant que l’effort repose sur les retraités via une hausse de la CSG et une sous-indexation des pensions. La CFTC hésite à rejoindre la table, tandis que la CFDT insiste sur la pénibilité et s’en prend aux syndicats qui romprait avec la négociation. Ainsi l'ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Bergé a-t-il déclaré sur France Inter : « tous ceux qui quitteront, y compris dans la dernière ligne droite, la table des discussions porteront une lourde responsabilité ».
Le médiateur Jean-Jacques Marette a évité un fiasco immédiat mais l’issue reste incertaine.
Cet échec fragilise François Bayrou, déjà sous pression. Les socialistes, qui avaient renoncé à censurer le gouvernement en janvier contre la promesse d’un texte intégrant les « avancées » du conclave, se sentent trahis. Boris Vallaud menace d’une motion de censure si aucun projet n’est soumis au Parlement.
« Il s’est moqué de nous », tance le député socialiste Laurent Baumel, fustigeant l’attitude du Premier ministre. Malgré ces tensions, le Premier ministre pourrait survivre à un possible échec, lui qui a déjà échappé à une première motion de censure au début du mois de juin, le RN n’ayant pas l’intention de voter la censure pour l’instant.
L’avenir du conclave repose sur le 23 juin mais, sans accord majeur, la réforme de 2023 risque de s’appliquer sans retouches, accentuant le mécontentement social et politique.