Après six mois de discussions intenses, le conclave sur les retraites, lancé par François Bayrou le 14 janvier 2025, s’achève ce mardi 17 juin. Convoqué pour apaiser les tensions politiques et éviter une censure, ce grand conciliabule entre syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et patronat (Medef, CPME) accouche d’un accord a minima, loin des ambitions initiales d’une réforme ambitieuse. La CGT, FO et l’U2P, ayant claqué la porte, laissent une table des négociations amoindrie, mais suffisante pour que Bayrou revendique un semblant de victoire.
Bayrou à la recherche de l’impossible compromis
L’objectif était clair : trouver un compromis pour pérenniser le système des retraites face à un déficit projeté de 6,6 milliards d’euros d’ici à 2030, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). François Bayrou, sous pression et conscient des contraintes budgétaires, a vite écarté un retour à l’âge légal de 62 ans, au grand dam de la gauche. À la place, des mesures comme une prime pour les seniors restant en emploi – proposition phare du Premier ministre – ou des ajustements sur la pénibilité et les droits des mères ont émergé. Ces avancées, portées par la CFDT et le Medef, visent à retoucher la réforme de 2023 sans bouleverser son cadre.
Politiquement, ce conclave a servi de bouclier à Bayrou. En promettant une « discussion sans tabou », il a temporisé les velléités de censure du Parti socialiste, divisé entre radicaux partisans d’un retour à 62 ans et pragmatiques prêts à négocier. La veille de la fin des discussions, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a regretté « des efforts sur la pénibilité très modestes » et réclamé que le gouvernement donne « le dernier mot au Parlement ».
Le Rassemblement national, par la voix de Jordan Bardella, a d’ores et déjà annoncé qu’il réserverait ses cartouches pour le débat budgétaire de l’automne, offrant un répit au gouvernement.
La France insoumise, de son côté, dénonce par l’intermédiaire de la députée Aurélia Trouvé « une comédie dont la fin est déjà écrite » en regrettant l’absence d'abrogation de la retraite à 64 ans avec le veto du Premier ministre à ce sujet.
Mais cet accord fragile ne résout pas tout. Le déficit persistant des retraites, représentant 13,9 % du PIB en 2024, reste une épée de Damoclès. Si les partenaires sociaux ont regagné une place centrale, leur capacité à réformer en profondeur est entravée par un climat politique instable. Pour Bayrou, ce conclave aura au moins permis de gagner du temps. L’automne, avec ses débats budgétaires, s’annonce comme un nouveau test pour sa survie politique.