François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a lancé un appel pressant à un effort « partagé et juste » pour réduire le déficit public français sous 3 % du PIB d’ici à 2029, dans un contexte économique marqué par une prévision de croissance rabotée à 0,6 % pour 2025, contre 0,7 % en mars. Il estime que résoudre le problème de la dette relève de « l'intérêt national, quel que soit le résultat des élections » en cas de dissolution.
Cette révision du niveau de croissance, annoncée le 11 juin, reflète les incertitudes liées à la guerre commerciale initiée par les droits de douane américains, qui freinent l’économie mondiale et française.
Un effort et des leviers comme une « année blanche »
Dans un entretien aux journal Les Échos, François Villeroy de Galhau insiste sur la nécessité d’une mobilisation collective, « à commencer par les plus favorisés ». L’État, qui représente un tiers des dépenses publiques, ne peut agir seul. Les dépenses sociales et locales, en hausse de plus de 2 % par an, doivent également être maîtrisées. La dette publique, projetée à 120 % du PIB en 2027, avec une charge d’intérêts dépassant 100 milliards d’euros d’ici 2030, constitue une menace majeure. « La France risque d’être prise en étau entre des prêteurs exigeants et des dépenses pressantes », alerte-t-il.
Face à ces défis, le gouverneur se montre sceptique sur des solutions comme la « taxe Zucman » sur les ultra-riches, estimant qu’elle pourrait engendrer des « illusions fiscales » et nuire aux entreprises françaises.
Il privilégie une stabilisation des dépenses publiques hors inflation, suggérant une « année blanche » budgétaire, rendue possible par une inflation maîtrisée à 1,0 % en 2025, selon les projections de la Banque de France. Cette « victoire durable » contre l’inflation, combinée à une consommation soutenue par des gains de pouvoir d’achat, pourrait atténuer les tensions économiques.
Cependant, le commerce extérieur, moteur de la croissance en 2024, souffrira des surtaxes américaines (10 % sur les biens européens, 25 % sur l’acier et l’automobile) et d’un euro fort. Malgré cela, l’emploi résiste, avec un chômage attendu à 7,6 % en 2025. Pour Villeroy de Galhau, la priorité reste la réduction des dépenses, la France affichant un écart de 9 points de PIB par rapport à ses voisins européens.
Alors que le gouvernement de François Bayrou prépare le budget 2026, avec un objectif de déficit à 4,6 % du PIB, cet appel à un effort collectif vise à garantir la stabilité financière et à éviter une crise durable.