À l’approche de la présentation des grandes lignes du budget 2026, prévue pour le 14 juillet par le Premier ministre François Bayrou, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, hausse le ton. Dans un entretien au Journal du Dimanche le 8 juin 2025, elle juge insuffisants les efforts d’économies proposés par les ministères, déclarant : « le compte n’y est pas ».
Pour atteindre l’objectif de 40 milliards d’euros d’économies, répartis entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités, et ramener le déficit public à 4,6 % du PIB, la ministre préconise une réduction du nombre de fonctionnaires.
Vers une réduction des effectifs dans la fonction publique
« Nous allons demander, ministère par ministère, à revoir les besoins de recrutement et les revalorisations salariales », précise-t-elle, confirmant vouloir « revoir la tendance » à la hausse des effectifs. En 2023, selon l’Insee, la fonction publique comptait 5,8 millions d’agents, soit 62 000 de plus qu’en 2022, avec une masse salariale en hausse de 6,7 %. Éric Lombard, ministre de l’Économie, soutient cette orientation, évoquant l’usage de l’intelligence artificielle pour réduire les effectifs, comme à Bercy. Les chiffres précis des suppressions restent flous mais l’idée rappelle la promesse non tenue d’Emmanuel Macron en 2017 de supprimer 120 000 postes. Cette idée est défendue par le Think Tank libéral Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) qui estime que la France compterait entre 933 000 et 1,4 million de fonctionnaires de plus que les autres États européens.
Cette proposition ravive les critiques des syndicats. Mylène Jacquot, de la CFDT Fonction publique, dénonce une « aberration », soulignant la surcharge des agents face aux besoins croissants des usagers. Un rapport de France Stratégie pointait déjà en décembre 2024 le manque d’attractivité de la fonction publique, avec seulement quatre candidats par poste. La Cour des comptes, dans un rapport d’octobre 2024, avait suggéré de ramener les effectifs territoriaux à leur niveau de 2010, soit 100 000 postes en moins, provoquant la colère des élus locaux.
Amélie de Montchalin rejette le « rabot aveugle » et prône une « réorganisation massive de l’État » pour plus d’efficacité. Elle annonce aussi la suppression d’un tiers des agences de l’État, estimée à 2 à 3 milliards d’économies. Si Bercy maintient qu’aucune hausse d’impôts n’est prévue, ces mesures risquent de compliquer les négociations avec les ministres, attendus pour des arbitrages « sincères et crédibles ». Le débat budgétaire s’annonce houleux.