L’absence de soutien du Parti socialiste (PS) et du Rassemblement national (RN) se sont fait grandement ressentir pour cette septième motion de censure déposée par La France insoumise (LFI) et Les Écologistes contre François Bayrou. L’Assemblée nationale a largement rejeté le texte, ce 4 juin, qui n’a recueilli que 116 voix sur 289 nécessaires pour faire tomber le gouvernement.
LFI accusait le gouvernement de « manœuvres » contre l'Assemblée, référence à une tactique du bloc central, soutenu par le RN, pour faire avancer une loi agricole controversée au Parlement en contournant la masse d'amendements LFI et Écologistes (1 500 pour Les Écologistes et 800 par LFI). La loi en question est la loi Duplomb qui porte une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d’un pesticide néonicotinoïdes. Elle a été qualifiée de « loi poison » par la députée Sophie Taillé-Polian (députée socialiste écologiste du parti Génération.s), ajoutant qu’il s’agissait d’une loi « contre la science, elle est la première pierre du trumpisme à la française ».
Pour sa part, la députée insoumise Mathilde Hignet a lancé depuis la tribune : « Il y a bientôt un an que le résultat des urnes est bafoué par le président de la République », accusant le gouvernement et ses soutiens de faire « alliance une fois de plus avec l'extrême droite sur l'un des textes les plus rétrogrades pour notre environnement ».
« Le gouvernement n’est pas à l’origine de ce texte »
Ironique, le Premier ministre François Bayrou a déclaré à l'Assemblée : « Le gouvernement n’est pas à l’origine de ce texte. Il n’est pas à l’origine de son adoption. Il n’est pas à l’origine de la motion de rejet, mais il est coupable », estimant que « c'est la première fois que l’Assemblée nationale est invitée à voter contre l’Assemblée nationale ».
Dans des propos plus offensifs, il a accusé les députés LFI de se livrer à une « tactique méthodique et constante, permanente de l’obstruction, du blocage, c’est-à-dire, au bout du compte, de l’immobilisme ». Défendant la loi Duplomb, le Premier ministre a estimé que « plusieurs mesures sont vitales pour notre agriculture ».
La censure n’était « pas la bonne réponse » pour le PS
La députée socialiste Mélanie Thomin, qui fait partie des quelques députés PS favorables aux motions de censure déposées par LFI lors des discussions sur le budget, a pris la parole pour confirmer que le PS ne comptait pas se joindre à l’initiative des insoumis. Se disant opposée à « un texte qui n’apporte aucune réponse concrète aux préoccupations de fond des agriculteurs », l’élue a cependant estimé que la censure n’était « pas la bonne réponse ».
La députée du Finistère a expliqué que « les socialistes font le choix du dialogue, du bon sens et des propositions », tout en assurant que le PS n’hésiterait pas à recourir à la censure si le gouvernement ne respectait pas ses engagements.
Le RN menace de censurer pour le budget
Le parti d’extrême droite français a privé la motion de ses voix. Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a déclaré qu’elle « n’aura aucun résultat au bénéfice des Français ». S’adressant à François Bayrou, il a lancé : « Votre tour viendra, Monsieur le Premier ministre, plus vite que celui que vous réservez aux Français », l’accusant entre autres de « préparer un budget [pour 2026, NDLR] sans toucher au tabou de l’immigration ».