L’opération « Prison Break », déclenchée le 20 mai, à grand renfort de communication par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, pour lutter contre l’introduction de téléphones portables dans les prisons françaises a concerné 66 établissements pénitentiaires.
Cette intervention d’envergure a mobilisé plus de 500 gendarmes pour perquisitionner 367 cellules, selon le parquet de Paris. Résultat : 164 téléphones saisis, dont 88 miniatures, pas plus grands qu’un briquet, conçus pour échapper aux portiques de détection.
Des appareils réputés « indétectables »
Ces appareils, majoritairement de fabrication chinoise et distribués via la société Oportik, étaient vendus comme « indétectables » grâce à un paramétrage spécifique. Leur usage en détention, strictement interdit, facilite pourtant la commission d’infractions, comme l’a révélé une enquête ouverte en octobre 2024 par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris. « Des écoutes ont confirmé que ces téléphones étaient très majoritairement utilisés pour des actes délictueux », a déclaré la procureure Laure Beccuau.
L’opération a également permis la saisie de 500 téléphones destinés à la vente, 70 000 euros en espèces dans un local de stockage et 14 000 euros sur un compte bancaire. Une action de phishing a été déployée pour neutraliser les appareils en circulation. Sur le plan judiciaire, 200 détenus ont été entendus, dont 17 placés en garde à vue. Une information judiciaire a été ouverte pour « administration de plateforme permettant des transactions illicites en bande organisée », avec deux mises en examen et demandes de détention provisoire. Les investigations, désormais confiées à un juge d’instruction, visent à démanteler cette filière d’approvisionnement.
Les receleurs, eux, relèvent de 55 parquets locaux. À Paris, une comparution immédiate pour recel à la prison de la Santé a été reportée au 30 juin. Selon le ministère de la Justice, 53 000 téléphones et accessoires ont été saisis en 2023, et plus de 40 000 en 2024, soulignant l’ampleur du problème. Ces appareils pénètrent en prison par divers moyens : drones, projections de colis ou complicités internes, parfois impliquant des agents pénitentiaires. Un trafic également facilité par la surpopulation carcérale qui touche les prisons françaises.
L’opération « Prison Break » ne se limite pas à la France. Selon Johanna Brousse, cheffe de la section de lutte contre la cybercriminalité, ce réseau opère également dans des prisons européennes et au-delà. Ce coup de filet envoie un signal fort : l’administration pénitentiaire renforce sa vigilance face à un fléau qui compromet la sécurité des établissements et du public.