Le 21 mai 2025, Emmanuel Macron a présidé un Conseil de défense et de sécurité nationale à l’Élysée pour examiner un rapport choc sur l’entrisme des Frères musulmans en France.
Face à la « gravité des faits » révélés, le président a exigé du gouvernement de François Bayrou de nouvelles propositions d’ici à début juin, tout en annonçant la publication du rapport de 73 pages d’ici à la fin de la semaine, une démarche rare pour un Conseil de défense.
Un clivage politique
Ce document, dévoilé par Le Figaro le 20 mai, alerte sur une « menace pour la cohésion nationale » liée à un islamisme « par le bas », infiltrant associations, municipalités et secteurs clés comme l’éducation, l’enseignement supérieur et le sport. Le rapport, fruit de 200 auditions menées dans dix départements et quatre pays, détaille une stratégie d’influence « subversive et anti-républicaine » des Frères musulmans.
Il pointe leur emprise dans les municipalités via des associations financées localement, comme à Bruxelles en 2024, où des subventions publiques ont soutenu des projets « interculturels » liés à la confrérie. Sur les réseaux sociaux, des prédicateurs suivis par des millions d’abonnés diffusent des contenus radicaux, amplifiant leur portée.
Le document dénonce aussi des réseaux de financement opaques, comme ceux évoqués par la sénatrice Nathalie Goulet dans L’Abécédaire du financement du terrorisme (2022). À Marseille, les présidents des Bouches-du-Rhône et de la région Sud ont suspendu les financements d’un collège-lycée cité dans le rapport, illustrant une réaction immédiate.
Le président français, dans la lignée de son discours des Mureaux de 2020 sur le séparatisme, a critiqué les propositions initiales du gouvernement, jugées insuffisantes. « Il faut des mesures à la hauteur », a-t-il martelé, selon Le Parisien.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a esquissé des pistes : un parquet administratif pour dissoudre des associations, un chef de file pour le renseignement et une sensibilisation des élus locaux. Cependant, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « islamophobie » alimentant des « thèses délirantes », tandis qu'à l'opposé Jordan Bardella (RN) a réclamé l’interdiction de la confrérie et son classement dans les organisations terroristes.