France

Le Rassemblement national tacle Retailleau, « ministre de la parole »

Depuis l’élection de Bruno Retailleau à la tête des Républicains, le Rassemblement national multiplie les attaques, l’accusant d’être un « ministre de la parole » inféodé au macronisme. Objectif : affaiblir LR et rallier son électorat avant 2027.

L’élection de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains (LR) avec 74 % des voix, face à Laurent Wauquiez, a déclenché une vague d’attaques de la part du Rassemblement national (RN). Le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella cherche à discréditer le nouveau patron de la droite, perçu comme un rival potentiel sur les thèmes de l’immigration et de la sécurité. Pour le RN, il s’agit d’associer Retailleau au « macronisme finissant » et de séduire l’électorat LR en vue de la présidentielle de 2027.

 

Le RN associe Retailleau au macronisme

 

Jordan Bardella, présidente du RN et potentiel candidat à l’élection présidentielle, a immédiatement donné le ton en qualifiant Retailleau de « ministre de la parole » qui, selon lui, prépare déjà sa candidature pour 2027. « Ils ne pensent qu’à eux », a lancé de son côté Marine Le Pen, se posant en contraste comme la représentante des « Français » et des électeurs RN. Cette offensive s’accompagne d’une ironie mordante : Sébastien Chenu, vice-président du RN, s’est moqué sur X des félicitations adressées à Retailleau par des figures macronistes comme François Bayrou ou Jean-François Copé, y voyant une preuve de son alignement sur le pouvoir.

Le RN reproche à Bruno Retailleau de promettre des solutions sur l’immigration tout en collaborant avec les macronistes et en refusant une alliance avec les « patriotes ». « On ne peut pas être dans l’opposition quand on fait parti de la majorité, ca paraît évident de le dire », tacle Laurent Jacobelli, député RN. Cette stratégie vise à présenter Retailleau comme une pâle copie du RN, incapable de rivaliser avec l’« original » incarné par Le Pen et Bardella.

Pourtant, ces critiques sur Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur depuis septembre 2024, semblent témoigner d’une inquiétude du RN. Sa progression dans les sondages et son discours ferme sur la sécurité et l’immigration laisse entrevoir une concurrence pour 2027.

Le RN craint également un rapprochement entre Bruno Retailleau et Édouard Philippe, qui pourrait reformer une droite unie, rappelant l’UMP. Jordan Bardella, qui lorgne l’électorat LR, multiplie les clins d’œil à cette base, se revendiquant d’un « ethos de droite » et admirateur de Nicolas Sarkozy.

Bruno Retailleau répond en soulignant la constance de ses idées : « Ce que je dis aujourd’hui, je le disais déjà dans les années 1990, quand Jordan Bardella avait 2 ans ». En attendant 2027, le RN continue son offensive, espérant affaiblir un adversaire qui demeure cependant avant tout un réservoir de voix pour le centre aujourd’hui incarné par une candidature Edouard Philippe.