Nouvel incident grave en France, sur fond de rodéo urbain. Le 10 mai, à Évian-les-Bains, vers six heures du matin, un pompier volontaire qui demandait à un groupe de jeunes automobilistes d’arrêter de faire des drifts bruyants aux abords de la caserne a été violemment percuté par l’un d’entre eux.
Le véhicule de cet individu était alors à l’arrêt, il « a brutalement démarré, percuté un pompier qui était en tenue civile et manqué d’en percuter un second » a précisé dans un communiqué le procureur de la République de Thonon-les-Bains Xavier Goud-Thiercelin. Une source policière a confié à BFMTV que le pompier aurait été percuté de dos. « L'impact du choc projette le pompier à une dizaine de mètres plus loin. Dans sa chute, il heurte un muret », a relaté la chaîne d’information.
« Le conducteur a fait demi-tour, il a baissé la vitre, il a craché sur la victime et sur un autre pompier volontaire qui était en train de secourir son camarade », a précisé aux journalistes le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est rendu dans cette ville de Haute-Savoie en fin d’après-midi.
Héliportée à l’hôpital d’Annecy, la victime âgée de 38 ans et père d’un enfant de trois ans souffre d'un traumatisme crânien et d'un enfoncement thoracique. Dans un coma grave, son pronostic vital est engagé. Quant au chauffard, il a été interpellé : âgé de 19 ans, il est connu des services de police pour des affaires de stupéfiants. Son permis de conduire avait été suspendu un mois plus tôt, après qu'il fut contrôlé positif à l'alcool et aux stupéfiants, a également précisé Bruno Retailleau.
Un test d’alcoolémie a mis en évidence un taux d’alcool de 0,28 mg/l de l'interpellé, au-dessus des 0,25 mg/l autorisés. À l’intérieur de son véhicule, les forces de l’ordre ont retrouvé des bouteilles d'alcool ainsi que des bonbonnes de protoxydes d’azote dit « gaz hilarant ». Un autre individu, âgé de 20 ans, a été interpellé et placé en garde à vue.
Quelques heures auparavant, dans un quartier du nord de Bordeaux, la police avait interrompu et dispersé un rodéo urbain impliquant 500 voitures et près de 3 000 personnes. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de projectiles, et ont dû faire usage de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Deux policiers ont été blessés, aucune interpellation n’a eu lieu.
« Stop à l’impunité ! »
Le 3 mai, à une vingtaine de kilomètres plus au nord, à Gauriaguet, un conseiller municipal tentait de raisonner de jeunes motards pour mettre fin à un rodéo urbain. Frappé au visage à l’aide d’un objet contondant, cet élu est ensuite roué de coups au sol. « Ce [ne sont] plus les mêmes gamins qui viennent, c’est devenu un peu un point de deal, ce n’est pas saint du tout ce qui est en train de se passer ici… » a témoigné l’élu, le visage encore tuméfié, auprès d’une chaîne locale. « Il aurait pu être tué […] pour une histoire de rodéo », a dénoncé, auprès de la même source, le maire de cette commune de 1 500 âmes, pointant du doigt un « délitement de la société ».
Le 2 mai, deux policiers et un individu avaient été blessés à Drancy, en Seine-Saint-Denis, également sur fond de rodéo urbain. L’individu en question, un jeune de 19 ans du quartier blessé par balle à la cuisse, avait tenté à plusieurs reprises de saisir l’arme d’un des policiers malgré des tirs de sommation. La patrouille était alors en train de tenter de saisir un motocross, renversé au sol, impliqué dans ce « rodéo ».
Selon un sondage CSA, publié le 9 mai pour Cnews, Europe 1 et le JDD, 81% des personnes interrogées se déclarent favorable à une autorisation des courses-poursuites par les forces de l’ordre contre les auteurs de rodéos urbains, même si cela comporte des risques.
« Stop à l’impunité ! » avait lancé le même jour, dans un message posté sur X, le Garde des Sceaux Gérald Darmanin, ordonnant aux services de la justice de « saisir systématiquement les véhicules impliqués » dans les rodéos urbains qu'il décrit comme un « fléau […], qui pourrit la vie de nombreux français », proposant de les vendre ou de les détruire « avant même le jugement ».