France

Un nonagénaire face à une facture d’eau de plus 17 000 euros laissée par des squatteurs

À Poitiers, un homme de 95 ans doit payer 17 364 euros de facture d’eau après le squat de sa maison pendant 18 mois. La mairie et le préfet, se renvoyant la balle, n’ont pas permis une expulsion rapide, et la collectivité refuse de couvrir la facture. L’avocat du propriétaire dénonce une injustice et envisage des poursuites.

À Poitiers, un homme de 95 ans, ancien maçon portugais, vit un cauchemar administratif après le squat de sa maison de 80 m² pendant près de 18 mois, d’octobre 2023 à février 2025.

Propriétaire d’une modeste résidence secondaire destinée à la location pour compléter sa retraite, il découvre en octobre 2023, via un courrier de la mairie, que son bien est occupé illégalement par un couple. Les squatteurs, ayant forcé la porte du garage, s’installent durablement, profitant de l’impossibilité légale pour le propriétaire de couper l’eau, un droit fondamental garanti par l’article L115-3 du Code de l’action sociale et des familles.

Un bien inhabitable 

Sur conseil de la mairie, les fils du nonagénaire saisissent le préfet en avril 2024 pour une expulsion, conformément à la loi anti-squats. Mais, en septembre 2024, le préfet rejette la demande, arguant l’absence de preuves d’effraction, malgré le témoignage d’un squatteur confirmant avoir forcé l’entrée.

Ce refus, couplé à l’inaction initiale reprochée par la mairie, prolonge l’occupation. Finalement, sous la pression d’un huissier mandaté par l’avocat du propriétaire, Me Georges Hémery, les squatteurs quittent les lieux le 19 février 2025.

Le soulagement est de courte durée. La maison est retrouvée dans un état désastreux : éviers arrachés, tuyaux sectionnés, fils électriques coupés, et une canalisation cassée provoquant une fuite massive. Résultat : une facture d’eau astronomique de 17 364 euros, soit environ 1 100 euros par mois, adressée au propriétaire par Grand Poitiers, qui gère l’acheminement de l’eau. Alerté dès août 2024 d’une surconsommation, le nonagénaire n’avait pu agir, la loi interdisant de couper l’eau, même en cas d’occupation illégale.

Me Hémery dénonce une « injustice fondamentale » et une « schizophrénie administrative ». Selon lui, la collectivité devrait se substituer au propriétaire pour payer la facture, comme le prévoit la logique de l’interdiction de coupure. Pourtant, la mairie de Poitiers refuse tout remboursement, considérant l’affaire comme un litige privé, faute de démarche judiciaire rapide.

Le nonagénaire, abasourdi, se retrouve avec un bien inhabitable et des frais de rénovation conséquents, en plus de la facture d’eau. Son avocat envisage une action au civil contre les squatteurs pour les réparations et une saisine du juge administratif contre la collectivité. Une audience est prévue le 13 juin 2025 pour demander des dommages et intérêts.