Depuis fin avril, le centre de méthanisation de Wittersheim, en service depuis 2020, accueille une nouvelle unité de liquéfaction du dioxyde de carbone. Cette installation permet de capturer chaque année 4 200 tonnes de CO₂ issues de la fermentation de matières organiques : fumier, lisier et résidus végétaux. Le CO₂, auparavant rejeté, est désormais comprimé et refroidi à -20 °C pour être liquéfié, facilitant ainsi son transport vers des sites de stockage partenaires. L’entreprise suisse Neustark, à l’origine du procédé, a déjà installé ce système sur 31 sites en Europe.
Ce gaz liquéfié est ensuite injecté dans du béton, comme celui traité par l’entreprise alsacienne FEHR. Ce procédé chimique fixe durablement le CO₂, le transformant en une sorte de calcaire. « Cette synergie entre agriculture, industrie et recyclage illustre notre vision d’une économie circulaire au service de l’environnement » a déclaré le 26 avril Valentin Gutknecht, cofondateur de Neustark.
Une alliance locale entre agriculteurs et industriels
Le collectif ABH, composé de quinze agriculteurs, produit chaque année un biogaz à partir de 36 200 tonnes de déchets agricoles. Le méthane (60 % du biogaz) est purifié en biométhane et alimente 5 000 foyers locaux. Le CO₂, jusqu’ici gaspillé, trouve enfin une utilité. « Grâce à notre partenariat, nous pouvons valoriser le CO₂, en le transformant en une ressource intéressante à plusieurs titres » a affirmé le 25 avril Régis Huss, président d’ABH, cité par Environnement Magazine.
Le projet s’inscrit dans une logique de réduction locale des émissions. Avec un taux d’efficacité de 93 % sur la durée de vie du béton, cette méthode assure un piégeage presque permanent du carbone, selon Neustark. En comparaison, cela équivaut à éviter l’émission de 3 900 tonnes de carbone par an, soit l’équivalent de 850 allers-retours en avion entre Paris et New York.
Une solution concrète qui contourne les grandes stratégies contre le réchauffement climatique
En ciblant uniquement les sources de CO₂ « non évitables », comme les sites agricoles ou les incinérateurs, Neustark propose une alternative pratique, locale et rapide aux politiques énergétiques coûteuses et inefficaces souvent promues par Bruxelles ou Washington. Pour la France, cinq nouvelles unités sont prévues cette année.