Réunis à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 29 avril, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances, Véronique Louwagie, ministre du Commerce et de l’Artisanat, et Clara Chappaz, ministre de l’Intelligence artificielle et du Numérique, ont présenté un plan pour contrer un éventuel afflux massif de colis d'une valeur inférieure à 150 euros en provenance de la Chine.
La crainte d’un raz-de-marée de colis chinois
Lors d’un point presse organisé le 25 avril, le ministère de l’Économie avait annoncé s’attendre à ce que le conflit commercial mondial causé par Donald Trump « recompose les flux commerciaux », avec « un risque de déport des flux chinois vers des territoires européens, notamment la France ».
Si cela n’est pas encore le cas, Bercy affirme avoir constaté « des velléités des plateformes à adopter une communication peut-être plus agressive et plus présente vis-à-vis des consommateurs européens ».
Du côté des professionnels, on estime que les flux en provenance de Chine sont en pleine expansion, notamment depuis la décision américaine d’imposer 90% de droits de douane sur les petits colis envoyés depuis la Chine.
Sur France Inter, le président du comité stratégique des centres de grande distribution a déclaré : « C'est certain, il va y avoir une invasion en provenance de la zone indo-pacifique ». Il a ajouté que cela pourrait également concerner d’autres pays comme le Vietnam, la Corée, le Bangladesh ou même la Turquie, s’ils ne parviennent pas à un compromis avec l’administration Trump.
Faire payer les importateurs
L’idée centrale défendue par le gouvernement français est de faire payer des « frais de gestion » sur chaque colis entrant en Europe, à partir de 2026, afin de financer des contrôles renforcés.
Pour la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, il s’agit de faire « payer aux importateurs, aux plateformes, et non pas aux consommateurs, un petit montant forfaitaire sur les colis ».
En effet, les colis envoyés depuis l’extérieur de l’Union européenne dont la valeur ne dépasse pas 150 euros sont actuellement exonérés de droits de douane. Cette mesure, instaurée en 2010 au nom de la « fluidité douanière », pourrait bientôt être remise en question.
En 2024, l’Europe a réceptionné environ 4,6 milliards de ce type de colis, dont 800 millions en France. En attendant une éventuelle suppression de cette exonération à l’échelle européenne, l’exécutif français instaurera dès 2026 une taxe dite « de frais de gestion ».
« En anticipation de la réforme de l’Union douanière prévue pour 2028, la France défendra l’instauration rapide, au niveau européen, d’un mécanisme de frais de gestion sur chaque petit colis entrant. L’argent récolté servirait à financer les contrôles », a précisé le cabinet de la ministre des Comptes publics.
Shein et Temu dans le viseur
Les deux plateformes chinoises de vente en ligne, Shein et Temu, semblent clairement visées par l’exécutif. Selon le ministère français de l’Économie, ces deux géants, aux côtés d’Amazon, « représentent un quart des ventes de mode en ligne en France ».
Une étude a révélé que Shein est la plateforme sur laquelle les Français ont le plus augmenté leurs dépenses en 2024. Ce phénomène serait dû à « la forte tension sur le pouvoir d’achat et la quête de bas prix des Français pour continuer à consommer ».