C’est lors d’une interview que le responsable d’une usine de fabrication d’armes serbe a indiqué que le numéro de série du pistolet PV M92, correspondait à une des armes envoyées en mai 2013 à Century International Arms, un marchand d’armes américain en ligne dont le siège est en Floride.
«Cette arme semi-automatique de chasse et de sport ne peut pas tirer en rafale, seulement un coup à la fois, ce qui est légal aux Etats-Unis», a expliqué le chef de l’usine d’armes Zastava, Milojko Brzakovic à Associated Press.
Il a indiqué que l’arme a été fournie comme une semi-automatique mais il ne savait pas si quelqu’un l’avait ensuite transformée en arme automatique une fois livrée. Selon M. Brzakovic, son usine exporte jusqu’à 25 000 armes de chasse et de sport chaque année, et elles l’ont toutes été de manière légale. Le pistolet en question, a été envoyé aux Etats-Unis mais on ne sait toujours pas comment il est revenu en Europe.
«Nos ventes d'armes et d'autres équipements militaires sont rigoureusement contrôlées et rien ne peut sortir de l'usine sans l'aval du gouvernement serbe et sans licence d'exportation», a affirmé le directeur de Zastava, en mettant accent sur le strict contrôle des autorités du pays.
Il y a des règles strictes concernant l’importation et l’exportation d’armes telles que les pistolets semi-automatiques. Aux Etats-Unis, l’individu ou la compagnie qui réceptionne la marchandise doit être enregistré au Département d’Etat.
Au moins sept armes utilisées ou découvertes après les attaques meurtrières du 13 novembre ont été fabriquées par cette usine serbe. La plupart d’entre elles ont été fabriquées avant les conflits des années 1990 dans l'ex-fédération communiste de Yougoslavie, et plusieurs étaient des versions modifiées de fusils soviétiques de type AK-47, des kalachnikovs.
Cependant, pour Milojko Brzakovic, il serait erroné d’accuser Zastava d’avoir vendu des armes aux terroristes, cependant il a admis qu’un accord illicite ait pu avoir lieu après la livraison – légale – de ses armes.
«Partout où il y a des guerres, il y a plus de risques d’abus et de voir apparaitre de nouvelles voies d’approvisionnement d’armes. Elles terminent là où elles ne doivent pas», a-t-il expliqué.
Des activités illicites
Le journal The Palm Beach Post a contacté le propriétaire de Century International Arms Michael Sucher, mais sans recevoir de réponse en retour, les portes dans la société située à Delray Beach étaient fermées.
D’après le journal, Century est non seulement acheteur et revendeur d’armes mais se pose aussi comme un des grossistes en armes les plus importants des Etats-Unis. Sa spécialité est d’acheter des armes autour du globe et les revendre à d’autres marchands.
Ce n’est pas la première fois que Century International Arms fait les gros titres des journaux d’information. Le Palm Beach Post a noté que le même marchand a été accusé de trafic illégal d’armes. Des pistolets, des fusils de précision et des armes d’assaut obtenues avec l’aide de «courtiers non autorisés», via un intermédiaire israélien. Des armes en provenance d’un entrepôt du gouvernement guatémaltèque sont finalement tombées entre les mains du Century International Arms pour 130 millions de dollars.
Ce géant du commerce d’armes a été impliqué dans d’autres affaires. Un employé du même marchand d’armes a été impliqué dans la fourniture d’armes, y compris des roquettes et des grenades, aux Contras, la résistance nationale du Nicaragua opposés au gouvernement, qui a pris le pouvoir suite à une guerre civile. Cet incident a eu lieu sous la présidence de Ronald Reagan dans les années 1980, lors de l’affaire de l’Irangate.