Le 24 avril 2025, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a annoncé la généralisation d’une mesure radicale : la confiscation systématique des téléphones portables des consommateurs de drogue.
Cette initiative, expérimentée à Bayonne depuis avril, sera étendue à toute la France via une circulaire adressée aux procureurs. « Les consommateurs et vendeurs de drogue paieront l’amende forfaitaire et se verront saisir leur téléphone », a déclaré le ministre, estimant cette sanction « plus dissuasive » qu’une poursuite judiciaire.
Une mesure expérimentée à Bayonne
L’objectif est de frapper au cœur du narcotrafic, qui s’appuie sur des messageries cryptées comme Signal ou Telegram pour organiser des transactions, surnommées « Ubercoke » ou « Ubershit ».
À Bayonne, le procureur Jérôme Bourrier a ciblé les smartphones utilisés pour contacter les dealers, visant particulièrement les mineurs, jeunes majeurs et récidivistes, pour qui l’amende de 200 euros s’avère peu efficace, avec un taux de recouvrement de seulement 30 %.
« Confisquer un téléphone à 800 euros fait réfléchir », argue Laurent Vitello, du syndicat Alliance Police. La mesure, permise par le Code de procédure pénale, autorise la saisie et la vente des téléphones avant condamnation, sur décision du parquet ou d’un juge.
Elle s’inscrit dans une stratégie plus large de répression, incluant la saisie d’argent ou de véhicules. Gérald Darmanin y voit un moyen de « pénaliser la chaîne du trafic » en touchant les consommateurs, qui alimentent la demande.
Cependant, la proposition divise. L’avocat Vincent Brengarth alerte sur les atteintes à la vie privée, le smartphone étant « une extension de la vie personnelle ». D’autres critiquent une mesure jugée autoritaire, pointant l’ampleur du phénomène : 21 millions de Français auraient consommé des drogues en 2023.
Malgré ces réserves, Gérald Darmanin, fort de son expérience à l’Intérieur, persiste dans une lutte sans relâche contre le narcotrafic, dans un contexte où la cocaïne et les drogues de synthèse explosent.