France

Mort du pape François : la mise en berne des drapeaux en France fait polémique

La décision du gouvernement français, de mettre en berne les drapeaux sur les bâtiments publics le 26 avril, jour des obsèques du pape François, a suscité une polémique. La gauche française dénonce une «laïcité à géométrie variable», du côté de l'exécutif, on défend un «usage républicain».

Alors qu’approchent les funérailles du pape François, prévues le 26 avril, la polémique suscitée par la décision du gouvernement de mettre les drapeaux en berne à cette occasion se poursuit. « À la suite du décès du pape François, le gouvernement a décidé que les drapeaux devraient être mis en berne sur les bâtiments publics le jour de ses obsèques solennelles » avait fait savoir le 22 avril les services du Premier ministre, cités par l’AFP.

Une annonce qui a fait réagir à gauche de l’échiquier politique français. Le jour même, sur le plateau de France info, le député écologiste Alexis Corbière (ex-LFI) a dénoncé une « laïcité à géométrie variable », invoquant la loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État.

« Quand une autorité religieuse meurt, on met les drapeaux en berne, mais on ne le fait pas pour d’autres cultes » a étayé l’élu de Seine-Saint-Denis. Ce dernier a également estimé qu’il ne fallait pas « jouer sur les mots » concernant le statut de chef d’État du pape François et fait part de sa désapprobation quant à la participation d’Emmanuel Macron aux funérailles du pape, car il s’agira d’« une cérémonie religieuse ».

Une loi de 1905 également invoquée par le député LFI Matthias Tavel, dans un poste sur X. « Quoi qu'on pense du pape François, la République n'a pas à rendre hommage au chef de l'église catholique » a-t-il estimé, avant d’ajouter : « L’État chez lui, l’Église chez elle ».

Une « émotion mondiale », au-delà des « origines ou des croyances », défend Retailleau

Même son de cloche du côté du sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias, qui a dénoncé sur la plateforme américaine une décision « honteuse » et pointé du doigt « un monarque de droit divin, homophobe, anti-IVG et justificateur des attentats contre Charlie Hebdo ». « Je ne lui ai pas donné mandat pour qu’il aille signer le registre de condoléances du pape » a-t-il encore réagi, cité le 23 avril par Public Sénat, après l’annonce par Gérard Larcher, président de la chambre haute du parlement français, de la signature du registre de condoléances de la Nonciature apostolique, le lieu de représentation du Vatican en France.

Du côté du gouvernement, soulignent plusieurs médias français, on met en avant un « usage républicain ». « L’émotion est mondiale […] quelles que soient les origines ou les croyances », a défendu le 23 avril sur BFMTV le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Celui-ci avait rappelé la mise en berne des drapeaux après le décès de la reine (et gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre) Élisabeth II. Pour sa part, le média « 20 minutes » souligne de son côté qu’avec la souveraine britannique, le pape François « sera le second étranger à y avoir droit depuis douze ans » et la mise en berne des drapeaux en 2013 à l’occasion de la mort de Nelson Mandela.

En avril 2005, le pape Jean-Paul II avait eu droit à cet hommage, ce qui n’avait pas été le cas de Benoît XVI qui avait renoncé à sa charge de souverain pontife plusieurs années avant sa mort. « Il s’agit d’un usage républicain qui s’applique aux chefs d’État en fonction avec lesquels la France entretient des relations privilégiées » avait ainsi déjà défendu Matignon en 2005.

Un hommage de la France, à Jean-Paul II, qu’avait critiqué l’actuel locataire de Matignon. Alors président de l’UDF (devenu MoDem), François Bayrou avait estimé que cet hommage « ne correspond pas à la distinction qu’il faut faire entre convictions spirituelles et choix politiques et nationaux ». Le pape François est décédé le 21 avril, lundi de Pâque, à l’âge de 88 ans. D’après son certificat de décès, publié par le Vatican, le souverain pontife, est décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral.