Emmanuel Macron a adressé un message aux chercheurs du monde entier, les invitant à « choisir la France et l’Europe » pour poursuivre leurs travaux. Cette déclaration, publiée sur le réseau social X, intervient dans un contexte où la recherche américaine serait fragilisée par les politiques de l’administration Trump, en place depuis janvier 2025. « Ici en France, la recherche est une priorité, l’innovation une culture, la science un horizon sans limite », a affirmé le président, donnant rendez-vous à la communauté scientifique le 5 mai pour une rencontre d’envergure, dont les détails restent à préciser.
Face à la baisse des financements et aux atteintes aux acquis académiques aux États-Unis, de nombreux chercheurs envisageraient de quitter le pays, autrefois perçu comme un eldorado scientifique. En France, le gouvernement anticipe cette opportunité en lançant la plateforme « Choose France for Science », dévoilée le 17 avril. Cette initiative vise à recenser les projets d’accueil des universités, écoles et organismes de recherche, axés sur des domaines stratégiques comme la santé, le climat, la biodiversité, l’intelligence artificielle ou encore l’espace. Pour soutenir ces projets, l’État s’engage à financer jusqu’à 50 % des coûts via le programme France 2030, en partenariat avec les collectivités territoriales et le secteur privé.
Une annonce qui laisse sceptique
Le niveau de financement de la recherche demeure néanmoins bien plus famélique en France.
En 2022, les dépenses totales de recherche et développement américaines s'élevaient à environ 789 milliards de dollars, soit 3,5 % du PIB pour environ 56 milliards de dollars en France, soit 2,2 % du PIB.
Par ailleurs, dans un marché de l’emploi français marqué par l’érosion du recrutement des cadres, une telle politique pourrait susciter des débats. La recherche française, mise en cause avec la mise en cause de l’académie nationale de médecine pour son rapport au sujet de l’origine du Covid-19 doit également composer avec des polémiques comme l’implication de deux chercheurs du CNRS dans l’attaque contre le consulat de Russie à Marseille par la suite condamné à 8 mois de prison.
Pour renforcer l’attractivité de la France, une proposition de loi, portée par le député et ancien président François Hollande, vise à créer un statut de « réfugié scientifique ». Ce dispositif offrirait un cadre juridique spécifique pour accueillir les chercheurs menacés, notamment ceux qui rejettent l’administration Trump.
Certaines institutions françaises ont d’ores et déjà pris les devants. L’université d’Aix-Marseille (AMU), par exemple, a lancé dès mars le programme « Safe Place for Science », doté d’une enveloppe de 600 000 à 800 000 euros par chercheur sur trois ans. Selon son président, Eric Berton, une vingtaine de chercheurs, principalement spécialisés dans les études de genre, l’histoire, l’épidémiologie ou la cancérologie, arriveront dès juin. Ces disciplines sont particulièrement ciblées par les restrictions aux États-Unis. L’arrivée de ces « chercheurs » en France a suscité l’ironie sur les réseaux sociaux. Ainsi l’essayiste Laurent Ozon a-t-il insisté sur le profil des chercheurs qui seraient séduits par le programmes français.
Cet appel d’Emmanuel Macron s’inscrit dans une dynamique plus large de positionnement de la France comme leader scientifique en Europe. En fixant un rendez-vous le 5 mai, le président espère fédérer la communauté scientifique internationale et faire de la France une terre d’accueil pour l’innovation.