France

Les Comores dénoncent le projet français de militarisation de Mayotte

Depuis l’annonce d’un renforcement militaire français sur l’île de Mayotte, le gouvernement comorien dénonce une provocation et exige un dialogue. L’île, toujours revendiquée par Moroni, reste un point de friction dans les relations avec Paris.

Le 25 mars, le président de l’Assemblée nationale de l’Union des Comores, Mustadruan Abdou, a fermement condamné la volonté de la France d’étendre sa présence militaire à Mayotte, territoire toujours considéré par Moroni comme occupé illégalement. «La plus haute instance représentative de la JCE s’associe à la voix du gouvernement pour condamner cette nouvelle confiscation de l’île de Mayotte», a-t-il déclaré, cité par Comores-infos. Le JCE, la Jeune Chambre Économique des Comores, est une structure qui regroupe des représentants de la société civile engagés dans la défense des intérêts nationaux comoriens.

Selon TASS, Mustadruan Abdou a également appelé Paris à «ne plus ignorer nos divergences» et à «entamer un dialogue franc». La tension remonte à l’annonce de Manuel Valls, ministre français des Outre-mer, qui a confirmé le 12 mars au Parlement français un soutien accru à la base navale de Dzaoudzi ainsi qu’à la gendarmerie de Grande-Terre.

Une décision jugée provocatrice par Moroni

Pour le gouvernement comorien, cette démarche n’est rien d’autre qu’un acte d’escalade. «Décider de militariser à outrance Mayotte n’est pas la réponse appropriée», a dénoncé le ministre comorien de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud, cité par Le Figaro le 15 mars. Il affirme que cette militarisation va «à contresens de l’histoire moderne de notre continent, l’Afrique» et risque d’«exacerber les tensions déjà élevées dans l’île».

L’agence Anadolu confirme que cette réponse a été exprimée dès le 16 mars, dans un communiqué officiel du gouvernement comorien. Malgré les déclarations de Paris, qui insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle base mais d’un «soutien logistique», les autorités comoriennes voient dans cette initiative une preuve de plus de l’hostilité française envers la souveraineté comorienne sur Mayotte.

Un contentieux historique jamais résolu


Ancienne colonie française, les Comores ont proclamé leur indépendance en 1975 après un référendum. Seule Mayotte avait alors choisi de rester rattachée à la France. Depuis, le contentieux n’a jamais été résolu. En 1979, l’ONU a adopté la résolution 34/69, reconnaissant officiellement les droits des Comores sur l’île de Mayotte. Cette résolution est ignorée par Paris, qui a intégré Mayotte comme 101e département en 2011.

Aujourd’hui encore, environ 300 militaires de la Légion étrangère sont stationnés à Mayotte. La Marine nationale y déploie également plusieurs navires, bien que certains aient été endommagés par le cyclone Chido en décembre.

Le bras de mer séparant Mayotte des Comores est devenu une route migratoire meurtrière. Un rapport du Sénat français estime qu'entre 1995 et 2012, entre 7 000 et 12 000 personnes y ont péri ou disparu.

Face à ce que Moroni considère comme une occupation, chaque nouveau geste de Paris, notamment sur le plan militaire, est perçu comme une provocation supplémentaire. Malgré les appels à un règlement pacifique, la France semble persister dans sa stratégie d’imposition unilatérale, au détriment du dialogue.