France

Les Français plébiscitent Bruno Retailleau pour revoir les accords de 1968 avec l’Algérie

Bruno Retailleau, en conflit avec l’Algérie, bénéficie du soutien de 67% des Français pour son rapport de force, et 82% souhaitent une révision ou une abrogation des accords de 1968, selon un sondage Odoxa-Backbone.

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, s’est lancé dans un bras de fer avec l’Algérie, et les Français sont largement derrière lui. Selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro, publié le 20 mars, 67% des sondés approuvent sa «riposte graduée» face au refus d’Alger de reprendre ses ressortissants expulsés. Ce soutien transcende les clivages politiques : 87% des électeurs RN, 83% des sympathisants LR, et même une partie des électeurs Renaissance (75%) saluent sa fermeté. Seuls les Insoumis, avec 34% d’approbation, se montrent réticents.

Au cœur de ce conflit : l’accord franco-algérien de 1968, qui facilite la circulation, le séjour et l’emploi des Algériens en France. Ce texte, jugé obsolète par le ministre de l’Intérieur, est dans le viseur de l’opinion publique. Le sondage révèle que 82% des Français souhaitent qu’il soit modifié (32%) ou supprimé (50%), contre seulement 17% pour son maintien. «Cet accord est daté et a déformé l’immigration algérienne», a déclaré Retailleau sur BFMTV le 19 janvier, plaidant pour sa remise en cause. Cette position résonne avec une population lassée par ce qu’elle perçoit comme un manque de fermeté face à Alger.

La première mesure de cette «riposte graduée», la suspension des exemptions de visa pour les passeports diplomatiques (accords de 2007), a été jugée «juste» par 74% des Français. Pourtant, seuls 44% croient en son efficacité pour faire plier l’Algérie. Ce scepticisme n’entame pas le soutien à Retailleau : 54% estiment qu’il doit rester en poste même en cas d’échec, notamment chez les électeurs LR (76%) et RN (60%). «Les Français veulent des actes, pas des promesses», note un analyste politique, soulignant l’attente de résultats concrets.

Mais ce rapport de force ne plaît pas à tous. L’Algérie dénonce une «provocation», et les tensions s’aggravent avec l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal dont le président français a demandé la libération le 20 mars. Si Bruno Retailleau séduit par sa fermeté, 60% des Français jugent son action inefficace pour l’instant contre l’immigration irrégulière. Ce paradoxe, un soutien fort mais une défiance sur les résultats, place le ministre sous pression. Porté par une opinion publique en quête de rupture, le premier flic de France pourrait être contraint de mettre à exécution ses menaces de démission si Paris venait à céder sur le dossier des Algériens en situation irrégulière.