France

Opposés au cumul, Marine Le Pen et Florian Philippot resteront élus européens quoi qu'il arrive

Le parti de Marine Le Pen a fait du non-cumul des mandats un axe fort de sa communication. Mais cela n'empêchera pas trois ténors du Front national (FN) de cumuler, s'ils parviennent dimanche à l'emporter au second tour des élections régionales.

Au FN, on a toujours été opposé au cumul des mandats. Jusqu’à se retrouver dans la situation de cumuler. Toujours vif quand il s’agit de critiquer les pratiques des partis de gouvernement, celui de Marine Le Pen a longtemps fait du non-cumul des mandats l'un de ses chevaux de bataille. Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard ont d’ailleurs voté à l’Assemblée nationale la loi interdisant le cumul des mandats à partir de 2017.

Sur le site du parti d’extrême-droite, on trouve en effet encore un texte expliquant que «le Front national est favorable au non-cumul des mandats» qui permettrait «à l’élu de mieux se concentrer sur les devoirs de sa charge». La benjamine du clan Le Pen dénonçait même, dans un communiqué de juillet 2013, que «l’entrée en vigueur [de la loi sur le cumul des mandats] ait été différée à 2017, traduisant ainsi la réticence des élus socialistes, dont bon nombre de parlementaires sont cumulards».

Pourtant, désormais en position de cumuler différents mandats, les cadres du FN ne semblent plus aussi pressés voir cette loi s’appliquer. Si Marion Maréchal-Le Pen a déjà annoncé qu’en cas de victoire lors des Régionales, elle quitterait son siège de députée – tout comme Louis Alliot son poste de député européen – trois autres ténors du parti se montrent plus réticents à lâcher leurs sièges. Marine Le Pen, Florian Philippot et Nicolas Bay, tous trois bien placés pour emporter des régions, n’ont ainsi pas prévu de quitter leur poste de député européen.

En juin dernier, Marine Le Pen affirmait qu’elle cumulerait les deux fonctions «tant que l’incompatibilité légale ne sera pas mise en œuvre». Une position qu'elle a réaffirmée, il y a quelques jours, dans les colonnes de Marianne. Et cela même si sa nièce regrettait, il y a peu, le report de l'entrée en vigueur de la loi à 2017… Florian Philippot aussi, tient à son siège de parlementaire européen. «Je resterai député européen», même en cas de victoire, a-t-il expliqué après un premier tour terminé en tête. En 2012, il assurait pourtant ne pas vouloir «d’un cumul entre une position de parlementaire et un exécutif local».

Enfin Nicolas Bay, qui pourrait l'emporter dans la région Normandie, gardera aussi son siège strasbourgeois. «Il est indispensable d’avoir à la tête de la région un député européen qui soit capable d’aller chercher les aides européennes», a-t-il plaidé mardi sur le plateau de L’Opinion. Le même argument qu'utilisent les cumulards mais que le FN fustigeait encore, il y a quelques mois.

Pour info, selon le décompte du quotidien Libération 50 candidats aux régionales socialistes et 56 Républicains siègent également au parlement. Si tous ne sont pas en position d'être élus, certains, à l’image du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, ont annoncé qu'ils quitteraient le parlement s'ils étaient élus.