La bataille de longue date opposant les visions française et allemande sur le réarmement du Vieux continent a encore buté sur la proposition d’injection de 150 milliards d’euros dans l’industrie de la défense européenne. Si l’Allemagne est ouverte à l’idée d’inclure des pays extérieurs à l’Union, la France y est totalement opposée.
Le président américain Donald Trump menaçant de mettre un terme à la protection américaine de l’Europe, celle-ci s’est vue contrainte d’augmenter ses dépenses de défense dans le but de renforcer les moyens militaires nationaux qui se sont érodés en Europe depuis la guerre froide, d'après une analyse du Financial Times.
Stimuler leur production militaire
La Commission européenne vient de proposer une enveloppe de 150 milliards d’euros destinée à aider les capitales européennes à stimuler leur production militaire. Or, malgré le soutien politique unanime, toute la question réside dans le fait de savoir si l’argent pourrait être dépensé pour des armes fabriquées en dehors de l’Union.
Le chancelier allemand Olaf Scholz compte parmi les dirigeants qui se sont déclarés, lors du sommet européen du 6 mars, en faveur de l’idée d’ouvrir l’initiative aux partenaires non européens qui partagent les mêmes idées, citant la Grande-Bretagne, la Norvège, la Suisse ou la Turquie, rapporte le Financial Times.
Mais Emmanuel Macron, qui se dit en faveur de l’augmentation de l’autonomie européenne et de la stimulation de sa production industrielle, ne voit pas les choses du même œil. «Les dépenses ne devraient pas être consacrées à de nouveaux équipements prêts à l’emploi qui sont, une fois de plus, non européens», a-t-il ainsi déclaré.
Pour le président français, combler les lacunes de l’Europe en matière d’armement passe par l’identification des meilleurs entrepreneurs et entreprises dans l’Union et sur les capacités nationales.
De son côté, Bruxelles craint que l’initiative de 150 milliards d’euros ne soit entravée par le même argument qui a retardé pendant plus d’un an l’accord sur le programme européen de l’industrie de défense, un fonds de 1,5 milliard d’euros qui verse des subventions pour la défense. Les efforts pour le mettre en œuvre ont été interrompus cet hiver après que Paris a exigé un plafond sur la part pouvant être dépensée pour des composants extra-européens et une interdiction des produits protégés par la propriété intellectuelle provenant de pays tiers, explique le Financial Times.
Les hauts fonctionnaires de la Commission ont été invités à collaborer étroitement avec Paris, Berlin et les autres capitales pour rédiger une proposition détaillée dans les dix prochains jours.