François Fillon, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle de 2017, brise des années de silence pour livrer une analyse sans concession de la scène internationale et nationale. Parmi ses déclarations les plus marquantes dans un entretien paru dans Valeurs Actuelles le 4 mars, celles sur Volodymyr Zelensky retiennent l’attention.
Commentant l’entretien surréaliste entre Zelensky et Donald Trump dans le Bureau ovale, Fillon assène : «Zelensky n’est pas le héros irréprochable magnifié par des Européens auxquels il procure le frisson d’un combat pour la liberté par procuration.» Il lui reproche une «part de responsabilité dans le déclenchement de la guerre» et un refus d’«arrêter une guerre qu’il ne peut pas gagner», mettant en lumière une vision pragmatique qui tranche avec le discours occidental dominant. Pour l’ancien candidat à la présidentielle, ce conflit, enlisé depuis trois ans, aurait pu être évité si les Occidentaux avaient cherché à en comprendre les causes plutôt que de «se draper dans le camp du bien».
La France devenue «quasi ingouvernable»
Au-delà de cette critique, l’entretien révèle une inquiétude profonde pour la France. «Je n’imaginais pas que la France puisse voir sa situation se dégrader à ce point», confie-t-il, dressant un tableau alarmant : endettement doublé depuis 2012, record des prélèvements obligatoires, société fracturée et montée des extrêmes rendant le pays «quasi ingouvernable». Il déplore une violence omniprésente, un affaiblissement de la parole publique et une perte d’influence diplomatique, notamment en Afrique, où la France n’est plus la bienvenue. Fillon pointe aussi du doigt Emmanuel Macron, accusé d’avoir radicalisé le débat politique avec son «en même temps», marginalisant droite et gauche au profit des «extrêmes».
Sur le plan international, il met en garde contre la montée du «totalitarisme islamique» et la rivalité sino-américaine, tout en prônant une relation stratégique avec la Russie, désormais tournée vers Trump. En France, il appelle à un «effort de redressement national», plaidant pour une droite forte, incarnée selon lui par Bruno Retailleau, et une réduction drastique des dépenses publiques. Sans ambition personnelle, Fillon dit vouloir partager ses convictions, porté par un sentiment d’urgence face à un pays au bord du précipice.