Un document portant le titre «Crise politique avec l’Algérie : de la nécessité d’engager un rapport de force» vient d’être publié en exclusivité par La Tribune dimanche. Il s’agit d’un document hautement confidentiel préparé par les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur relevant de la responsabilité du ministre, Bruno Retailleau.
Cette note, supposée confidentielle, dresse le constat de la dégradation des relations franco-algériennes et dévoile un plan visant à «accentuer la pression» sur Alger. Il s’agit d’une feuille de route pour l’établissement d’un rapport de force avec l’Algérie pour lequel avait plaidé Bruno Retailleau après l’attaque au couteau de Mulhouse.
Les mesures préconisées par Retailleau pour mettre la pression sur Alger
La même source rapporte que la note interne du ministère français préconise la mise en place de «restrictions massives» des visas ciblant l’ensemble de la population algérienne, y compris les responsables militaires et économiques, ainsi que la suspension de l’activité «des compagnies aériennes et maritimes algériennes» et la convocation de la vingtaine de consuls algériens en France pour «leur rappeler les termes de l’arrangement de 1994 entre la France et l’Algérie sur la réadmission de leurs nationaux».
Les services du ministère français de l’Intérieur révèlent dans ce document que durant l’année 2024, la France a délivré 245 000 visas court et long séjour alors que sur les 25 000 individus faisant l’objet d’OQTF, 2 999 seulement ont pu être renvoyés en Algérie.
Ultime suggestion de la note fuitée pour accentuer la pression sur Alger, «le ralentissement des procédures d’indemnisation» des victimes – évaluées à quelques dizaines de milliers selon les médias algériens – des 17 essais nucléaires que la France avait effectués sur le territoire algérien entre 1960 et 1966.
Des restrictions déjà en application
Dans une déclaration à la presse ce 2 mars, Bruno Retailleau affirme que des ressortissants algériens ont déjà été expulsés du territoire français à leur arrivée à l’aéroport de Roissy. «Nous avons déjà mis en œuvre une riposte à nos frontières, à Roissy notamment, où l’on exige désormais un ordre de mission pour les Algériens présentant un passeport diplomatique à nos postes-frontières», a déclaré le ministre français de l’intérieur.
Ce même jour, le média algérien AL24News a révélé que la femme de l’ambassadeur algérien au Mali, Kamel Retieb, avait été refoulée à la frontière alors qu’elle avait en sa possession son certificat d’hébergement, une assurance et la carte de crédit de son époux.
Une fuite qui met à mal le discours de Macron
Ces révélations de la note interne du ministère de l’Intérieur interviennent deux jours après l'annonce d'une désescalade par Emmanuel Macron. Le chef de l’État français avait appelé à la reprise du travail avec Alger pour sauvegarder l’intérêt des deux pays.
Il avait alors tempéré les déclarations de ses ministres à propos des accords de 1968, précisant que c'était des accords de 1994 dont il était question et qu’il avait entamé avec son homologue algérien un mouvement visant à les moderniser.