«Il n’y a pas de menace existentielle au sens de la destruction physique de l’Europe». Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, a ainsi réagi le 19 février aux propos d’Emmanuel Macron sur la Russie. Le président français a en effet déclaré dans un entretien paru la veille dans La Dépêche que «la Russie constitue une menace existentielle pour les Européens».
Les propos du président français et le rôle de Paris dans les négociations ont été vivement critiqués alors qu’Emmanuel Macron tente de se faire une place dans les pourparlers sur l’Ukraine qui occupent Moscou et Washington.
«Il a mis notre diplomatie à terre»
Les déclarations du président ont suscité des critiques du côté du Rassemblement national (RN). Sur le plateau de TF1 le 19 février, le député Laurent Jacobelli a ainsi déclaré: «Macron veut exister sur la scène internationale par tous les moyens, comme un artiste en fin de carrière qui fait la tournée des salles des fêtes»; or, «il a mis notre diplomatie à terre et maintenant il ne supporte pas que la fin du conflit en Ukraine soit négociée sans lui».
À gauche, l’avocat Juan Branco a estimé que le président «se trompe en présentant la Russie comme une “menace existentielle pour l’Europe”». Journaliste à Valeurs Actuelles, Amaury Brelet a de son côté dressé un «triple constat» des propos du président et des dernières nouvelles concernant les négociations : «L’Ukraine ne peut pas gagner la guerre ; Trump et 2/3 des Américains veulent en finir rapidement ; Macron et les Européens ont échoué à ramener la paix et ne pèsent plus rien».
Le président va réunir les chefs de partis et écarte désormais l’envoi de troupes
Emmanuel Macron va réunir les chefs des «groupes parlementaires et (des) partis» politiques dans les prochains jours pour les tenir informés de «l’état des lieux» et des «initiatives» que prendra la France pour continuer à aider militairement l’Ukraine et parvenir à un règlement du conflit.
Un rendez-vous qui permettra peut-être d’y voir plus clair, car si le président français a longtemps évoqué l’envoi de troupes en Ukraine, il affirme désormais que «la France ne s’apprête pas à envoyer de troupes sur le sol» et que la diplomatie s’en tient à réfléchir «à des garanties sécuritaires». Le chef de l’État se dit désormais même «prêt à s’entretenir avec Vladimir Poutine».
À l’Assemblée nationale, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot déclarait de son côté le 18 février : «Nous allons continuer à amplifier, à accroître la pression sur Vladimir Poutine et sur la Russie avec un 16e paquet de sanctions».
Des déclarations à contre-courant des négociations de Ryad entre Moscou et Washington, alors que le chef de la diplomatie américaine évoque la perspective de «partenariats économiques vraiment uniques et aussi potentiellement historiques» avec la Russie.