France

Crise à la Monnaie de Paris : les médailles olympiques toujours au cœur de la tourmente

La Monnaie de Paris, chargée de produire les médailles des Jeux olympiques de Paris 2024, est «en pleine crise» selon le quotidien La Lettre. Entre craquelures sur les breloques des olympiades et «départs contraints» de hauts responsables, l'institution, habituellement symbole du savoir-faire français, se retrouve sous pression.

Selon un article de La Lettre publié le 13 janvier, plus de 100 médailles des Jeux olympiques de Paris ont été retournées par des athlètes, mécontents des défauts de leurs récompenses.

Ces médailles présentent des craquelures et ont été qualifiées de «peau de crocodile», un problème devenu viral sur les réseaux sociaux. «Ces médailles sont superbes quand elles sont neuves, mais elles se détériorent très rapidement» avait déclaré sur Instagram le skateur américain Nyjah Huston, qui avait remporté une médaille de bronze le 29 juillet.

Le nageur français Maxime Grousset et l'équipe du 4x100 mètres quatre nages ont également exprimé leur frustration. Le 28 décembre, Yohann Ndoye Brouard avait partagé sur X une photo montrant une médaille en bronze abîmée, qualifiée de «vraie déception».

Face à la polémique, la Monnaie de Paris a été contrainte d'intervenir. Toujours selon le média d'investigation, trois cadres clés de l'institution, dont le directeur industriel Jacky Frehel, le directeur de production Éric Matte et la responsable qualité Hélène Juton, ont quitté leurs postes à l'automne 2024. La direction, interrogée par plusieurs médias, s'est contentée d'invoquer «le secret des affaires» et a refusé de s'exprimer sur ce que La Lettre dépeint comme des «départs contraints».

Des problèmes techniques et réglementaires

La cause des craquelures semble être liée à un changement imposé par la réglementation européenne Reach, qui interdit désormais l'utilisation du trioxyde de chrome, un composant chimique essentiel pour le vernis des médailles. Faute d'anticipation, la Monnaie de Paris a dû adapter sa production dans l'urgence, entraînant des défauts de qualité.

Ce n'est pas la première fois que l'institution rencontre des difficultés. En octobre 2023, Huawei avait retourné un lot de plus de 12 000 médailles du travail pour des défauts similaires. Un coup dur pour l'institution, dans la mesure où le géant chinois des télécoms est leur «plus gros client étranger» a souligné La Lettre.

Selon cette même source, un partenariat a été établi avec une entreprise lyonnaise spécialisée dans les traitements de surface pour résoudre ces problèmes de manière «durable». Toutefois, la réputation de l'institution, symbole du «Made in France», reste ternie, au moment où elle peine à renouer avec une production de qualité.

De son côté, le Comité international olympique (CIO) a déclaré à une agence de presse française ce 14 janvier que toutes les médailles signalées comme défectueuses seraient «remplacées systématiquement».