Les déclarations controversées et les ripostes fermes s'enchaînent entre la France et l'Algérie, exacerbant chaque jour davantage les tensions existantes entre les deux pays.
Face à cette escalade entre Paris et Alger, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a fait part le 12 janvier lors d'une interview accordée à la chaîne privée LCI de son intention de «supprimer» l’accord intergouvernemental franco-algérien de 2013, qui permet à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa.
«Il y a un accord de 2013 qui est un accord gouvernemental qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien, il y en a des milliers», de «venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement», a-t-il précisé.
«Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d'humiliation, comme l'a évoqué le ministre de l'Intérieur [Bruno Retailleau] ça me parait plus intelligent, plus efficace et ça peut se faire très rapidement», a expliqué Darmanin.
«Il faut supprimer cette facilité», a-t-il insisté précisant que «cette mesure de rétorsion ne toucherait pas les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture» avec l'Algérie, a fait savoir le ministre français.
Ces derniers jours, la crise franco-algérienne s'est ravivée avec l'arrestation à Montpellier d'un influenceur algérien de 59 ans, «Doualemn», après une vidéo controversée sur TikTok. Ce dernier a été expulsé vers l'Algérie le 9 janvier, mais a été renvoyé en France le soir même.
Expulsion «arbitraire»
«L’expulsion arbitraire et abusive d’un ressortissant algérien de France vers l’Algérie a fourni à cette partie nostalgique de la France l’occasion de donner libre cours à ses règlements de compte historiques avec l’Algérie souveraine et indépendante», a déploré le 11 janvier le ministère algérien des Affaires étrangères.
Qualifiant son expulsion de «contestable», la diplomatie algérienne a relevé, par voie de communiqué, que l’influenceur concerné n’a pas pu bénéficier d’un «procès judiciaire en bonne et due forme, qui constitue un rempart contre l’abus de pouvoir», soulignant que son expulsion «précipitée» l’aurait privé de défendre ses droits lors du procès prévu le 24 février.
Alger a également tenu à préciser que «Doualemn» vivait en France depuis 36 ans, disposait d’un permis de séjour et d’un emploi stable depuis 15 ans et était père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française, ce qui, selon les autorités algériennes, «lui confère indubitablement des droits».
Un autre point de friction entre la France et l'Algérie réside dans l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal âgé de 75 ans, interpellé le 16 novembre 2024 et placé sous mandat de dépôt dix jours plus tard, après son audition par le parquet antiterroriste d'Alger.
Le 29 décembre dernier, lors d'un discours devant le Parlement, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié Sansal d'«imposteur» et a affirmé qu'il aurait été envoyé par la France. Une incarcération à travers laquelle l'Algérie «se déshonore» avait déclaré le 6 janvier Emmanuel Macron lors d'un discours devant les ambassadeurs réunis à l'Élysée. Des «propos irresponsables» avait, dans la foulée, fustigé le bureau de l'Assemblée populaire nationale algérienne dénonçant une «ingérence flagrante».