«3h de débat. 1h de discours d’obstruction des ministres. Des amendements plus ridicules les uns que les autres. Une ministre qui joue au répondeur automatique».
Tel est le bilan dressé, sur le réseau social X, par la présidente du groupe La France insoumise (LFI) Mathilde Panot après les premières heures de débats autour de la proposition de loi de son parti sur l’abrogation de la réforme des retraites. Un texte qui a fait l'objet de près 978 amendements, déposés par le bloc centriste.
Mathilde Panot a en outre appelé à une manifestation «à 19h à Invalides», juste à côté du Palais Bourbon. «Nous abrogerons la réforme des retraites», a-t-elle affirmé.
Comme elle, de nombreux élus de gauches mais également du Rassemblement National (RN) ont vivement critiqué l’attitude de la coalition gouvernementale durant les échanges au Palais Bourbon. Des accrochages ont eu lieu pendant la séance.
Indignation et incidents de séance
«Les macronistes s'agitent, se ridiculisent, gagnent du temps. Manœuvres grossières pour voler deux ans de vie aux Français», a déclaré sur X la vice-présidente LFI de l’Assemblée nationale Clémence Guetté s'indignant de l’attitude de la majorité.
L’ensemble des partis de gauche est mobilisé à l'occasion de la niche parlementaire de LFI, mais en faisant traîner les débats la coalition au pouvoir pourrait parvenir à empêcher le vote du texte avant minuit et donc à reporter son examen à une date incertaine.
«Les macronistes bloquent volontairement les travaux parlementaires, le débat, et bafouent la représentation des Français» a dénoncé sur X la députée communiste Soumya Bourouaha, évoquant une manœuvre similaire lors de la niche parlementaire de son groupe «il y a 2 ans».
En milieu de journée, c’est le secrétaire général du Parti socialiste (PS) Olivier Faure qui dénonçait une «obstruction des macronistes» qui selon lui «bat son plein».
Cependant les socialistes étaient divisés sur le sujet. Dans la matinée, l’ancien président français (2007-2012), redevenu député, François Hollande a déclaré sur France Inter qu'«il n’est pas question d’abroger la réforme Touraine en même temps que la réforme Borne», le texte de LFI visant à abroger ces deux textes.
«François Hollande n'a d'égal que lui même dans la trahison» a réagi, également sur X, le député Insoumis Ugo Bernalicis.
De l’autre côté de l’hémicycle, le député RN Jean-Philippe Tanguy a quant à lui dénoncé «la morgue de classe du parti des petits bourgeois qui n'ont jamais travaillé qui veulent prétendre qu'on peut travailler jusqu'au bout» en visant les députés Les Républicains (LR).
Dans les rangs du parti Renaissance, l’ancienne ministre Aurore Bergé a pour sa part dénoncé les pratiques des oppositions. «Ils veulent nous intimider, nous menacer. Ils insultent des députés. Voilà le spectacle navrant de notre hémicycle aujourd'hui. Abroger la réforme des retraites, c'est mentir aux Français. C'est empêcher la revalorisation des petites retraites» a-t-elle lancé.
Le vote avant le délai de minuit semble compromis mais la détermination des élus LFI qui appellent à manifester aux Invalides à 19h semble tenace. Ainsi, Mathilde Panot a-t-elle affirmé en conférence de presse le 26 novembre : «Quel que soit le scénario, nous réussirons à abroger ce vol de deux ans de vie, a-t-elle assuré. Que ce soit jeudi [ce 28 novembre, ndlr.] ou plus tard».