«La France n’est pas la Grèce». Sur le plateau de BFM-TV, le ministre français de l’Économie Antoine Armand a tenté de se montrer rassurant ce 28 novembre en affirmant que la France a «une situation d’emploi, d’attractivité, une puissance économique, démographique bien supérieure à la Grèce».
Le ministre commentait ainsi l’actualité financière de la veille alors que pendant quelques minutes, sur les marchés financiers, le taux d'emprunt de la France à dix ans sur le marché obligataire a brièvement dépassé celui de la Grèce, un État toujours économiquement exsangue après avoir été frappé il y a seize ans par une grave crise financière dû à son endettement.
Un évènement, aussi bref soit-il, qui témoigne de la défiance des grands créanciers internationaux, notamment chinois et américains, à l'égard de la France.
Pour Antoine Armand, cet «épisode» illustre que des pays qui ont connu une telle situation «se sont retroussés les manches et ont dit à leurs compatriotes "cela va être difficile, mais on va faire des économies ensemble"». Réfutant le terme d'«écroulement», avancé par la journaliste, le ministre français a mis en garde contre le «risque de décrocher» et de défendre le «chemin» qu'incarnerait le budget de son gouvernement.
Des marchés en panne de confiance, des dirigeants politiques inquiets
La veille, le Premier ministre Michel Barnier avait tenu des propos alarmistes au journal de 20h de TF1, déclarant qu'«il y aura une tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers» si son gouvernement venait à être renversé par une motion de censure. Un discours repris par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, le 27 novembre au matin, mettant en garde sur le plateau de France Info contre «un décrochage de la France».
Parmi les alliés du gouvernement, le président de la région PACA Renaud Muselier, a soutenu le chef du gouvernement. «Bien sûr qu’il faut aider Michel Barnier à réussir, car c’est le destin de la France qui est en jeu […] on n’a pas le droit de jouer avec l’avenir du pays», a-t-il affirmé ce 28 novembre sur une chaine privée.
L’ancien commissaire européen Thierry Breton a, lui, tiré la sonnette d’alarme le 27 novembre évoquant la France comme un «pays à l’arrêt» écartant cependant le «risque de crise financière».
Après l’intervention télévisée du Premier ministre, plusieurs élus d’opposition avaient critiqué ou relativisé la mise en garde de Michel Barnier sur le risque financier pour la France.
Ainsi Éric Coquerel, président de La France Insoumise de la commission des Finances à l’Assemblée nationale avait-il déclaré sur les ondes de RTL le 27 novembre : «la panique économique a commencé […] à partir de la dissolution et à partir du moment où Emmanuel Macron a ouvert une période d’instabilité parce qu’il n’a pas fait appel à la seule force capable de gouverner le pays», évoquant ici le Nouveau Front Populaire arrivé en tête des élections législatives.
«Il n'y aura pas de chaos. Michel Barnier essaye de jouer sur les peurs. Il ne doit pas être soumis aux marchés financiers mais aux Français», avait de son côté déclaré, toujours le 27 novembre, le député du Rassemblement National (RN) Thomas Ménagé.