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France : une proposition de loi visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme soulève une polémique

Une proposition de loi, portée par le député LFI Ugo Bernalicis, sur l’abrogation du délit d'apologie du terrorisme du code pénal a suscité un tollé dans l’ensemble de la classe politique française, notamment chez les alliés socialistes des Insoumis.

«L’initiative de LFI heurte les victimes du terrorisme qui, dans leur chair, vivent douloureusement tout relâchement du devoir de vigilance et de cohésion nationale».

Sur le réseau social X, l’ancien président et désormais député socialiste François Hollande s’en est pris à la proposition de loi déposée le 19 novembre par La France Insoumise (LFI) et visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme du code pénal.

Le texte visé par l’ancien chef d’État émane d’un député LFI, Ugo Bernalicis, et est intitulé «Proposition de loi visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme du code pénal». Le texte a suscité des critiques dans l’ensemble de la classe politique, à commencer par la gauche alliée aux Insoumis.

«Faillite morale», «provocation»: le parti socialiste contre les Insoumis

Le Premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) Olivier Faure a accusé LFI sur X de «marginaliser la défense des Palestiniens» et de sombrer «dans les provocations».

Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie et critique des Insoumis, a dénoncé «une République salie» et évoqué «une nouvelle faillite morale face aux victimes du terrorisme» ou encore «un bras d’honneur au travail de discernement de la Justice de notre pays».

Les élus de LFI ont répondu à leurs détracteurs sur les réseaux sociaux comme sur les plateaux télévisés. Ainsi, Ugo Bernalicis a directement donné la réplique à François Hollande sur X, s'exclamant: «Quel démago ! Laissez les victimes de terrorisme en dehors de tout ça», avant de faire valoir la condamnation d’un secrétaire départemental de la CGT Nord sur la base de la législation actuelle.

Sous la publication de la présidente de la région Occitanie, c’est Nathalie Oziol, députée de Montpellier, qui s’est insurgée: «Laissez les victimes et leur famille en dehors de vos sordides manœuvres politiciennes», faisant valoir également «l’instrumentalisation de "l’apologie du terrorisme" pour s’en prendre à des militants, des syndicalistes ou des journalistes». 

«Nous n'abrogeons pas le délit d'apologie du terrorisme, nous le remettons dans le droit de presse», a défendu, sur le plateau de BFM TV, la présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée Mathilde Panot.

«C’est difficile de faire plus ignoble», condamne Retailleau

«Ce n’est pas seulement La France insoumise qui le dit : un rapport de l’ONU dénonce également l’instrumentalisation de ce délit en France, utilisé contre des voix qui militent pour la paix», a fait valoir la députée du Val-de-Marne. Pour cette dernière, il convient de «remettre le délit d'apologie du terrorisme au bon endroit».

La polémique autour de la proposition de loi n’a pas provoqué de réaction chez les alliés écologistes et communistes de LFI, mais a été très commentée au centre et à droite.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a affirmé sur X: «C’est difficile de faire plus ignoble». Au micro de TF1, il a appelé les socialistes à se «dissocier» de leurs alliés de LFI. Même démarche du côté des députés «Ensemble pour la République», le groupe «macroniste» à l’Assemblée dirigé par Gabriel Attal qui a publié un communiqué invitant les alliés des Insoumis à se séparer de ce parti.

«Ces personnes sont vraiment dangereuses !» s'est indignée sur X Edwige Diaz, députée Rassemblement nationale de Gironde et ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale. «Quelle est la suite ? La défiscalisation des dons au Hamas ?», a-t-elle lancé.