Les syndicats agricoles FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) ont annoncé sur Franceinfo une intensification des actions dès la semaine du 25 novembre, visant les administrations et les structures perçues comme responsables des contraintes qui pèsent sur le secteur. «L’objectif est de mettre la pression pour dénoncer aujourd’hui ce qui n’est pas acceptable», a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Au cœur des revendications, on trouve la demande du retour de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé dans d’autres pays européens. Les agriculteurs dénoncent une concurrence déloyale lorsque les importations ne respectent pas les normes françaises.
La Coordination rurale (CR), un autre syndicat agricole, a également renforcé son action en bloquant le port de Bordeaux dans la nuit de mercredi 20 novembre, empêchant l’entrée et la sortie de marchandises. Karine Duc, responsable de la CR, a justifié cette initiative devant les journalistes de l'agence AFP : «C’est dans ces ports que transitent les céréales importées qui ne sont pas soumises aux mêmes normes que les nôtres.»
Le Mercosur : une concurrence jugée déloyale
Au-delà des problématiques nationales, les syndicats agricoles visent aussi l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Cet accord, encore en négociation, inquiète fortement les agriculteurs français.
Ils redoutent une importation massive de produits agricoles – viande bovine, porc, volaille, sucre – produits dans des conditions environnementales et sociales moins strictes que celles qui sont imposées en Europe. Selon eux, cela met en danger l’agriculture locale et pourrait compromettre la sécurité alimentaire.
Carrefour, un acteur majeur de la distribution, a pris une position claire dans ce débat. Alexandre Bompard, PDG de l’enseigne, a annoncé que Carrefour s’engageait à «ne commercialiser aucune viande en provenance du Mercosur». Ce geste vise à répondre à la colère des agriculteurs et à «inspirer les autres acteurs de la filière agroalimentaire». M. Bompard a également interpellé les restaurateurs, qui consomment 30 % de la viande produite en France mais importent 60 % de leurs produits : «C’est en faisant bloc qu’il sera possible de rassurer les agriculteurs.»
Compétitivité et écologie
La mobilisation révèle des défis pour la filière agricole. D’un côté, les agriculteurs réclament des outils pour rester compétitifs, comme la réintroduction de l’acétamipride ou une meilleure protection contre les importations déloyales. De l’autre, ils doivent répondre à des exigences environnementales croissantes et à des attentes sociétales en matière d’écologie.
Pour les syndicats agricoles, il s’agit d’un équilibre difficile. «L’écologie est une préoccupation pour les agriculteurs», a rappelé Arnaud Rousseau sur Franceinfo, «mais nous mettre dans des impasses, arrêter la production en France et l’importer d’ailleurs, ça ne fait pas avancer notre pays.»
Alors que les mobilisations se multiplient dans tout le pays, les agriculteurs appellent à des mesures concrètes pour garantir l’équité des échanges commerciaux et alléger les contraintes administratives. Les actions prévues dans les prochains jours montrent que la tension ne faiblira pas sans réponses politiques fortes.