Un accrochage verbal devant la résidence du préfet, une arrestation et des barrages qui se reforment. Les 11 et 12 novembre auront peut-être marqué le retour de l’agitation en Martinique. La figure de proue du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), Rodrigue Petitot, s’est en effet rendu dans la résidence préfectorale le 11 novembre et a eu un accrochage verbal filmé avec le préfet, relayé sur les réseaux sociaux, notamment par l’avocat Juan Branco.
Evacué de la résidence, le meneur du RPPRAC a finalement été arrêté le lendemain 12 novembre et placé en garde à vue au commissariat central du chef-lieu de l’île à Fort-de-France, à la suite d’une plainte pour violation de domicile et actes d’intimidation à l’encontre de personnes exerçant une fonction publique.
La gauche soutient Rodrigue Petitot
La présidente du groupe des Insoumis (LFI) à l’Assemblée Mathilde Panot a apporté son soutien à Rodrigue Petitot, estimant que le ministre des Outre-Mer François-Noël Buffet doit «recevoir le RPRACC». «La solution pour le peuple martiniquais n’est ni dans la répression ni dans le mépris, elle est politique !», a-t-elle affirmé. Le ministre avait en effet déclaré que «la situation et les comportements» de Rodrigue Petitot mettait fin «provisoirement» à la possibilité d'une rencontre avec le RPPRAC.
La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Artaud, a également diffusé les images de l’arrestation et dénoncé «le capitalisme en milieu colonial encore plus d'exploitation, de mépris et de répression».
Un regain de tension sur l’île
L’arrestation de Rodrigue Petitot a été suivie mardi 12 novembre en soirée de la mobilisation d’une centaine de personnes devant le commissariat de Fort-de-France pour réclamer sa libération.
Selon Radio Caraïbe Internationale (RCI) des heurts ont alors éclaté à Sainte-Thérèse (Fort-de-France), un quartier de Fort-de-France. Dans la nuit de mardi à mercredi de nouveaux barrages ont été érigés, des arbres et des véhicules ont également été incendiés par les contestataires.
Le 4 novembre, la préfecture avait annoncé la fin du couvre-feu et des mesures restrictives de vente de produits inflammables ou explosifs, une décision qui semblait marquer la fin des tensions sur l’île alors que le mouvement de contestation contre la vie chère avait débuté au début du mois de septembre.
Le 16 octobre, un accord avait permis de «réduire de 20% en moyenne les prix de vente […] pratiqués sur une liste de 54 familles de produits», mais le RPPRAC n’avait pas signé ce document arguant notamment d’une diminution insuffisante des prix, ceux-ci étant en Martinique en moyenne 40% supérieurs de ceux de la métropole. En un peu plus de deux mois, les manifestations ont fait 4 morts et 140 personnes ont été interpellées lors d’émeutes sur l’île.