«Le narcotrafic et le crime organisé sont une menace existentielle contre nos institutions, contre notre démocratie. Mais il n'est pas trop tard pour agir». Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a rappelé ses priorités en déplacement à Marseille aux côtés du Garde des sceaux Didier Migaud.
Ensemble, les deux ministres, qui ont eu des différends par le passé, ont présenté une batterie de mesures intégrant leur «plan de lutte contre le trafic» au cours d’un point presse à Marseille le 8 novembre, une ville devenue le symbole du narcotrafic.
«Parquet national» dédié, «cellule de coordination nationale», les mesures du gouvernement contre le trafic
La mesure phare du gouvernement concerne la création d’un parquet, présenté par le ministre de la Justice Didier Migaud. Celui-ci s’est ainsi dit «favorable à un pilotage fort constitué autour d'un véritable parquet national». Un dispositif déjà préconisé par une commission d'enquête sénatoriale qui évoquait pour sa part un «parquet national antistupéfiants». Le Garde des sceaux a également plaidé en faveur d’une «cellule de coordination nationale», mais aussi pour plus de «coopération internationale», évoquant notamment l'installation prochaine d'un magistrat de liaison en Colombie à Bogota, un État au cœur du trafic de drogue mondial.
Les ministres se sont également prononcés pour des moyens d'enquête supplémentaires notamment un renforcement de 40 % des «équipes du parquet de Paris travaillant sur la lutte contre la criminalité organisée au niveau national» quand les effectifs dans l’ensemble du territoire, notamment à Marseille, «seront sanctuarisés». Côté effectifs toujours, les ministres ont annoncé la création de «cinq postes de juges» à Paris.
Délinquants, consommateurs, les ministres veulent durcir le ton
Les ministres plaident aussi pour un assouplissement des «conditions permettant d'écarter l'excuse de minorité» pour les délinquants de plus de 16 ans et rendre possible leur jugement en comparution immédiate. Bruno Retailleau a par ailleurs exprimé sa volonté de «frapper les criminels au portefeuille», proposant ainsi d’«inverser la charge de la preuve» en créant «une injonction de justification de ressources inexpliquées». Ils prennent l’exemple des dealers disposant de berlines qui devront donner la preuve des sources légales du financement de leur véhicule.
Il propose par ailleurs de «donner aux préfets le pouvoir de fermer des commerces de blanchiment» et de permettre l’expulsion de leur logement des trafiquants.
Enfin les ministres veulent également cibler les consommateurs et préconisent pour cela une «campagne de communication [...] pour révéler les liens entre l'usage de stupéfiants, les violences des trafiquants et les infractions qui en découlent» mais aussi que les consommateurs soient davantage verbalisés. Les ministres ont enfin annoncé la publication prochaine d’un plan de l'Agence française anticorruption.
Entre janvier et juin 2024, l'Office central de lutte contre le crime organisé a recensé 182 homicides ou tentatives d'homicides liés au trafic de drogue en France. Parmi eux, 42 victimes ont trouvé la mort.