«Après une semaine sans violences urbaines ni barrages, ayant permis aux Martiniquais de profiter de la fête de la Toussaint, le préfet de la Martinique a décidé de lever l'ensemble des mesures de police administrative appliquées depuis plusieurs semaines sur le territoire». Dans un communiqué de presse publié le 4 novembre la préfecture de Martinique a annoncé la fin du couvre-feu de minuit à 5 cinq heures du matin le 5 novembre, une mesure qui était toujours en vigueur dans cinq communes de l’île, dont Fort-de-France.
Depuis plusieurs jours, aucun incident en lien avec la mobilisation contre la vie chère n’a été déploré.
C’est donc le 5 novembre à 5 heures (10h à Paris) qu’ont pris fin les mesures de police administrative appliquées à plusieurs reprises depuis deux mois, c’est-à-dire le couvre-feu mais aussi les interdictions d'achat, de vente ou de transport de produits inflammables ou explosifs qui étaient toujours en vigueur sur l’ensemble du territoire martiniquais.
Une tension toujours palpable
Le communiqué précise néanmoins que «cette décision n'affecte en rien la mobilisation des services de l'État et des forces de sécurité, qui travaillent à maintenir le calme partout sur l'île». Le préfet de la Martinique a par ailleurs condamné « fermement » les appels à la haine et à la division lors de la manifestation contre la vie chère qui s’est déroulée le 3 novembre à Paris.
Lors de cette manifestation en métropole, des slogans parfois musclés ont soulevé une polémique. Ritchy Thibault, attaché parlementaire de la députée des Insoumis (LFI) Ersilia Soudais, avait ainsi lancé sur les réseaux sociaux : «Les békés aux ordures». Un message que son auteur a d'abord refusé de retirer, avant de le supprimer. Le mot «béké» désigne aux Antilles les blancs descendants d’esclavagistes.
Le député Rassemblement national (RN) Julien Odoul a vivement critiqué ce message, évoquant une forme de racisme «anti-blancs» renvoyant à la «haine de la France» de son auteur.
Le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC) participait à ce rassemblement. Sa direction a répondu au communiqué du préfet de la Martinique en rejetant «fermement toute accusation de racialisation de son mouvement, affirmant que leur lutte est exclusivement centrée sur les pratiques de la Grande Distribution et non sur des questions raciales» et dénonce une «tentative de manipulation de l’opinion publique».
Depuis le début du mois de septembre, des mobilisations contre la vie chère se déroulent partout en Martinique. En environ deux mois, les manifestations ont fait 4 morts et 140 personnes ont été interpellées lors d’émeutes. Un accord a été trouvé le 19 octobre pour baisser les prix d’environ 6 000 produits alimentaires de «20% en moyenne». Cette annonce n'a pas calmé une partie des manifestants qui estiment cette diminution insuffisante alors que les prix en Martinique sont en moyenne 40% supérieurs de ceux de la métropole.