La Cour d’Assise de Paris a condamné le médecin et homme politique rwandais Eugène Rwamucyo à 27 ans de prison le 30 octobre 2024. Il a été reconnu coupable de complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité dans le génocide des Tutsis en 1994. Il a en revanche été acquitté des accusations de génocide et de crimes contre l'humanité.
L’avocat rwandais maître Gisagara a salué cette condamnation : «la justice a parlé. Pensée très forte pour ses victimes de Butaré Ville, de Nyumba, de Ndora et de partout ailleurs».
Le procès, entamé le 1er octobre, aura duré un mois et le médecin s’est toujours déclaré non coupable, déclarant durant l’audience n’avoir jamais ordonné ou laissé tuer des survivants tutsis. Il a notamment déclaré devant le tribunal : «Je comprends la souffrance de ceux qui cherchent encore les leurs [...] mais je ne peux les aider, je ne sais rien de plus».
En 1994, entre 800 000 et 1 000 000 de Tutsis ont été tués par des Hutus durant une séquence d’exactions qui dura un peu plus de trois mois.
530 parties civiles pour une affaire vieille de 30 ans
C'est donc trente ans plus tard et avec un dossier porté par l'accusation et les avocats de 530 parties civiles que le jugement a été prononcé.
Parmi les éléments du dossier à charge contre le médecin se trouvait l'enregistrement d'un discours datant du mois de mai 1994 à Butaré dans le sud du pays.
Dans ce discours, le médecin incite la population à s'en prendre aux Tutsis et cela devant le Premier ministre de l'époque, Jean Kambada condamné en 1998 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda à une peine de prison à perpétuité. Le discours sera par ailleurs diffusé sur la Radio Des Mille Collines qui servira de relai de propagande en amont du génocide des Tutsis. Est reproché à Eugène Rwamucyo d'avoir servi de caution intellectuelle au génocide. Son avocat a cependant affirmé qu’il interjetterait appel de cette décision.
Eugène Rwamucyo est le neuvième Rwandais jugé en France pour des crimes liés au génocide des Tutsis. Trente ans après le génocide, une quarantaine de dossiers de suspects résidant en France sont encore en cours d’instruction.