France

En Martinique, les violences se poursuivent en dépit du couvre-feu

Après une nuit de violence entre le 20 et le 21 octobre, un nouvel épisode de tension s’est déroulé entre le 21 et le 22 octobre. En dépit du couvre-feu, les autorités françaises ne parviennent pas à reprendre la main.

Les nuits se suivent et se ressemblent à la Martinique, où de nouvelles tensions ont émaillé la nuit du 21 au 22 octobre, contraignant les forces de police et de gendarmerie à intervenir pour détruire des barricades installées sur la route. La préfecture a fait valoir la présence de «dizaines d’individus cagoulés qui ont à nouveau décidé de contrarier les Martiniquais dans leurs trajets en dégradant les routes par l’incendie de plusieurs véhicules».

Au lendemain de l’annonce d’une prolongation du couvre-feu jusqu’au 28 octobre, l’île des Antilles ne retrouve pas le calme et les scènes de violences se sont multipliées, largement relayées sur les réseaux sociaux.

Incendies et renforts de police

De violents affrontements ont eu cours le 22 octobre à Case-Pilote, à l’Est de l’île, à seulement 12 kilomètres de la capitale Fort-de-France. Le délégué national d'Alliance Police Nationale Éric Henry a relayé des images d’incendies, évoquant « un climat insurrectionnel » affirmant que ses collègues se font tirer dessus par des « criminels ».

Le site d’information local Resca, a, lui, diffusé sur ses réseaux sociaux des affrontements directs le 22 octobre entre forces de sécurité et manifestants, toujours à Case-Pilote.

Le lendemain matin, mercredi 23 octobre (le décalage horaire étant de six heures entre la Martinique et la métropole), le même média rapportait une «situation déjà tendue à Fond Lahayé», un quartier de la commune de Schoelcher située entre Case-Pilote et Fort-de-France.  

Alors que des barricades sont dressées quotidiennement et que des véhicules sont incendiés, le syndicat Alliance Police Nationale a annoncé que les compagnies de CRS 83 et 81 avaient rejoint la CRS 8 sur le terrain pour faire face à des « situations de guérilla urbaine ».

L’arrivée de ces compagnies avait été évoquée dès les 14 octobre par le média local Resca qui s’interrogeait : «Reste à voir si ce déploiement permettra de maintenir la paix sociale ou s’il alimentera les critiques des organisations locales, qui dénoncent déjà la “répression” des mouvements sociaux sur l’île».

Depuis le 1er septembre, la Martinique connait une mobilisation contre la vie chère alors que les produits de consommation alimentaire coûtent en moyenne 40 % plus cher sur l’île qu’en métropole. Un accord a été signé entre le préfet, les distributeurs et la collectivité territoriale de Martinique pour faire baisser de 20 % en moyenne les prix d’environ 6 000 produits alimentaires mais le collectif « Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes » (RPPAC) l’a refusé, l’estimant trop faible et a appelé à poursuivre la mobilisation. En un mois et 23 jours, les manifestations ont fait 4 morts, tandis que 140 personnes ont été interpellées lors d’émeutes.