Selon le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, la France forme actuellement environ 2 000 soldats ukrainiens sur son territoire et envisage d'en former davantage : «Je le souhaite et j'y travaille. Il faut pouvoir former les soldats qui compléteront cette brigade "Anne de Kiev". Au-delà, l'Ukraine a besoin de générer plus d'une dizaine de nouvelles brigades, c'est colossal ! Ce que nous recherchons, c'est la plus grande performance militaire possible pour eux, que ce soit en matière de doctrine ou d'équipement. Nous sommes aussi en train de créer avec les Ukrainiens une intimité stratégique. Pour nos intérêts futurs, qu'ils aient la connaissance des armes et de la doctrine française n'est pas une mauvaise chose...» Des propos tenus ce 20 octobre lors d'une interview accordée à La Tribune dimanche.
La brigade «Anne de Kiev», également appelée brigade numéro 155 de l'armée ukrainienne, est formée par la France. Elle tire son nom d'Anne de Kiev, une princesse médiévale née à Kiev qui épousa le roi Henri Ier et devint reine de France. Il s'agit de l'un des plus grands contingents ukrainiens à être formé à l'étranger.
Sébastien Lecornu a souligné que cette formation faisait partie d’une stratégie à long terme visant à renforcer les capacités militaires ukrainiennes, tandis que Paris continue également d’envoyer du matériel militaire à Kiev. Le ministre français des Armées a également précisé que la France envoyait du matériel ancien, tout en modernisant ses propres forces armées.
La Russie s'est à plusieurs reprises opposée à l'implication des pays occidentaux dans le conflit en Ukraine. Maria Zakharova, porte-parole russe des Affaires étrangères, a affirmé le 26 septembre que les pays occidentaux avaient formé environ 127 000 soldats pour les forces armées ukrainiennes, citant les données de la Cour des comptes des États-Unis. Selon elle, Volodymyr Zelensky «les a tués».
L'aide militaire à l'Ukraine financée par les actifs russes gelés
En réponse à la question de savoir si la poursuite des livraisons à l'Ukraine affecterait le budget français, Sébastien Lecornu a déclaré : «Il y a trois choses qui sous-tendent notre aide à l'Ukraine. La première, c'est que nous lui cédons du matériel ancien que nous aurions de toute façon remplacé grâce à la loi de programmation militaire. La deuxième est que, contrairement à certains de nos alliés européens, nous n'achetons pas de matériel aux États-Unis mais passons des commandes à notre propre industrie de défense. Cela génère de l'activité. Enfin, nous mobilisons les intérêts des actifs russes gelés pour acheter des équipements militaires pour l'Ukraine.»
«Les intérêts des actifs russes gelés ont permis de commander 12 nouveaux canons Caesar qui seront livrés à l'Ukraine», a ajouté le ministre français.
La stratégie d'utilisation des revenus issus des actifs russes gelés a été critiquée à plusieurs reprises par Moscou, qui considère cette pratique comme du vol. En juillet dernier, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a averti que la Russie prendrait des mesures juridiques contre ceux qui utilisent ses actifs gelés pour soutenir l'Ukraine.