C'est un chiffre rehaussé, celui de la pauvreté en France, qu'a présenté le 17 octobre l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), à l'occasion de la publication de l'édition 2024 de son étude sur «les revenus et le patrimoine des ménages».
Si l'Insee a rappelé qu'en 2022, environ 9,1 millions de Français «habitant en logement ordinaire» vivaient sous le seuil de pauvreté – nombre qui placerait la France «dans une position intermédiaire parmi les pays européens» –, l'institut officiel de statistiques a pris en compte ceux qui vivaient dans les DOM-TOM, «les communautés, les habitations mobiles, les sans‑domicile et les étudiants».
Résultat : 11,2 millions de personnes étaient considérées comme étant en situation de pauvreté en France... en 2021. Parmi elles, quelque deux millions seraient en situation de «grande pauvreté», cumulant «faiblesse des revenus» et «privation matérielle et sociale sévère».
Un taux de pauvreté et des inégalités en progression, la gauche en embuscade
Le rapport rappelle que le taux de pauvreté a baissé en France dans les années 1970 et 1980 avant de se stabiliser à partir du milieu des années 1980. Il a cependant atteint son niveau le plus élevé en 2021, un niveau resté proche en 2022.
Le document relève que les inégalités avant «redistribution» ont augmenté depuis le milieu des années 1990. Après redistribution, la hausse des inégalités est plus contenue, ce qui est expliqué par l’Insee par «l’effet redistributif du système socio-fiscal». Mais l'institut nuance son propos en affirmant que les inégalités après redistribution ont «retrouvé en 2021 les niveaux de 2018 et du début des années 2010», soit les plus hauts niveaux observés depuis 1996.
Une autre partie de l’étude de l’Insee revient sur l’augmentation des inégalités de patrimoine «en lien avec la hausse des prix de l’immobilier». L’institut constate qu’«en 20 ans, les inégalités de patrimoine se sont accrues», évoquant la hausse des prix de l’immobilier, notamment au début des années 2000.
La France pourtant championne du monde de l'imposition
De nombreux élus de gauche ont rebondi sur ce rapport. «Le problème majeur du pays, c'est le grand nombre d'inégalités sociales», a ainsi affirmé au micro de Sud Radio le député du Nouveau Front populaire (NFP) en Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. «Nous devons lutter contre cela», a-t-il martelé.
«Les 10% des ménages les plus riches détiennent 92% du patrimoine brut», a pour sa part dénoncé la députée de La France insoumise (LFI) Aurélie Trouvé, également élue en Seine-Saint-Denis et présidente de la commission des affaires économiques.
Ce rapport survient au moment où l'examen du budget 2025 s'engage au Parlement français. Un budget placé par le nouveau gouvernement sous le signe de «l'effort», à l'heure où le pays est endetté à hauteur de 3 228 milliards d'euros (à la fin du second trimestre 2024).
Une dette record, alors même que la France caracole en tête du classement de l'OCDE en termes d'imposition. En 2022, le montant de prélèvements obligatoires représentait 46,1% de son PIB.