La Société Le Nickel (SLN), une entreprise d’exploitation minière, a annoncé le 14 octobre la fermeture du site de Thio, dans l’est de la Nouvelle-Calédonie, expliquant avoir été affectée par les émeutes de mai dernier, liées à la mobilisation contre le dégel du corps électoral.
Dans un courrier adressé aux salariés et largement relayé dans la presse notamment française, le directeur général de l’entreprise, Guillaume Kurek a évoqué un «empêchement absolu et durable d’accéder [au site] et d’exploiter les mines».
La fermeture concerne près de 230 salariés et 120 emplois de sous-traitance, qui représentaient 31 millions d’euros de contrats annuels, selon des chiffres rendus publics.
Plus de cinq mois après les premiers affrontements, le bilan sécuritaire, économique et financier continue de s’alourdir dans l’archipel du Pacifique. Le 13 mai dernier, des émeutes éclataient en Nouvelle-Calédonie, entraînant de nombreux incendies, pillages et affrontements armés.
À l’origine des émeutes : un texte de loi voté par les sénateurs et les députés, qui consiste à élargir le corps électoral aux élections provinciales, essentielles dans l’archipel. Les partisans de l’indépendance de ce territoire avaient jugé que ce dégel risquerait de réduire leur poids électoral et de «minorer encore plus le peuple autochtone kanak».
Émeutes et concurrence
Le site minier de Thio n’a pas été épargné par les émeutes. Les convoyeurs, les laboratoires, les bureaux et les logements des employés, ainsi que le matériel minier, les pelles, les chargeuses, les camions ont été incendiés, détruits ou volés, entraînant «une impossibilité pure et simple d’opérer», a indiqué la SLN.
«Toute l’économie, nos magasins, nos marchés dépendent de la mine. […] La SLN, c’est 140 ans de la vie de Thio», a déploré Jean-Patrick Toura, le maire de la commune.
En Nouvelle Calédonie, le tout premier minerai de nickel a été extrait en 1875. L’entreprise y est née 5 ans plus tard, en 1880, et n’avait jamais interrompu son activité.
Ces dégâts ont été le coup de grâce pour l’industrie du nickel déjà sur la sellette, notamment à cause de la concurrence exacerbée de l’Indonésie. Fin août, faute de repreneur, l’usine du Koniambo Nickel SAS, dans le nord du territoire, a été contrainte de fermer ses portes.
La Nouvelle-Calédonie possède environ 25% des ressources mondiales de nickel.