France

«Gouvernement transitoire», «film catastrophique» : en France, les oppositions se déchaînent sur le nouveau gouvernement

Les oppositions se sont montrées très critiques après la présentation du gouvernement de Michel Barnier le 21 septembre. Des Insoumis au Rassemblement national les critiques se sont abattues sur le nouvel exécutif constitué autour du parti présidentiel et de ses alliés Républicains malgré plusieurs revers électoraux.

«Ce gouvernement transitoire est la conséquence du bourbier créé par des alliances contre-nature nouées lors des élections législatives», a déclaré le 21 septembre sur X (ex-Twitter), la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée, Marine Le Pen, dans la foulée de l'annonce du gouvernement de Michel Barnier.

«Les Français, qui ont exprimé par deux fois lors des dernières élections leur volonté de rompre avec sept années de renoncements et d’échecs du macronisme, se retrouvent ce soir avec un gouvernement remanié, éloigné du désir de changement et d’alternance exprimé en juin dernier» a-t-elle fustigé.

Une ligne tenue par l'ensemble des oppositions. Ainsi, le fondateur de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon parle de son côté d’une «combinaison [qui] n'a ni légitimité ni futur». La secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a, quant à elle, estimé qu’il s’agissait d’«un remaniement au lieu d’une cohabitation».

«Cirque», destitution et motion de censure

«Ras-le-bol qu’après tout ce cirque, des journalistes nous demandent encore si ça n’est pas un peu de notre faute… Le seul responsable est Macron», s'est elle emportée.

Jean-Luc Mélenchon a même évoqué «le casting du nouveau film catastrophe macroniste», quand plusieurs élus Insoumis ont rappelé leur volonté de destituer le président français et de censurer le gouvernement, à l’image du député du Val-de-Marne Louis Boyard et du coordinateur national du parti Manuel Bompard qui a demandé aux Français d’«appuyer la motion de destitution en signant la pétition» que LFI a mis en ligne.

«Ce n’est pas une cohabitation. C’est une collaboration», a pour sa part fustigé le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel. Au parti socialiste, le député Jérôme Guedj s’est insurgé au micro de Sud Radio. «Aux législatives, il y a eu une préférence pour la gauche et un front républicain. Ces deux faits ne sont pas respectés aujourd'hui», a-t-il regretté.

Retailleau, la nouvelle cible de l’opposition de gauche

Parmi les critiques sur la formation du nouveau gouvernement, nombreuses sont celles qui visent le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Jugé trop conservateur par ses détracteurs, l’ancien président du groupe LR au Sénat est vivement pris à parti, à l’instar de la secrétaire d’État à la consommation Laurence Garnier que l'hebdomadaire Le Point avait notamment présenté comme une «fervente anti-mariage pour tous» en janvier 2014 et qui en tant que sénatrice a plus récemment voté contre la constitutionalisation de l'IVG.

Pour Manuel Bompard «les ministres de ce gouvernement ont voté à de nombreuses reprises contre les droits des femmes, des personnes LGBTI, contre la protection du droit à l’IVG. Ce sont des positions inacceptables». Le député Insoumis des Bouches-du-Rhône a par ailleurs accusé le nouveau ministre de l’Intérieur d'avoir «tenu des propos racistes» à plusieurs reprises.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a de son côté monté en épingle le témoignage d’un adolescent qui, selon sa mère, aurait été passé à tabac dans le Tarn en raison de son homosexualité.

Ces accusations ont fait l’objet d’une mise au point du nouveau Premier ministre le 22 septembre, au lendemain de la l’annonce de la composition de son gouvernement. «Il n’y a aucune ambiguïté : notre gouvernement défendra les droits de chacun», a-t-il assuré, à l’occasion d’un journal télévisé. Un message notamment relayé par le Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Intérieur Othman Nasrou lui-même accusé par la gauche d’avoir été hostile au mariage entre personne de même sexe.

Le nouveau gouvernement compte 39 membres, dont 17 ministres de plein exercice. Parmi ceux-ci, huit sont issus de Ensemble pour la République, trois sont issus des Républicains, deux du MoDem, un du parti Horizons, un du groupe LIOT à l’Assemblée. Complètent le casting un «divers droite» ainsi qu'un «divers gauche».