Le dialogue est rompu entre les gauches et l’Élysée. Après la publication le 26 août d’un communiqué de la présidence, écartant l’hypothèse d’une nomination de Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire (NFP) au poste de Premier ministre, les chefs des oppositions de gauche ont dénoncé à l'unisson l’attitude du président français.
De son côté, Emmanuel Macron a estimé qu'un gouvernement de coalition des gauches «serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale», rappelant qu’«un tel gouvernement disposerait donc immédiatement d’une majorité de plus de 350 députés contre lui, l’empêchant de fait d’agir».
«Dérive illibérale» et appel à la mobilisation : les gauches ne veulent plus négocier
Les services du président Macron ont appelé les chefs de parti du NFP, à l’exception des Insoumis, afin de relancer les discussions. Les communistes (PCF), les socialistes (PS) et les Écologistes ont tous refusé de revenir à la table des négociations.
Interrogé sur la télévision publique française, ce 27 août au matin, le secrétaire général du PS Olivier Faure a ainsi refusé de retourner à l'Élysée afin de ne pas être «complice d'une parodie de démocratie». Sa collègue écologiste Marine Tondelier a pour sa part dénoncé une «dérive illibérale» d'Emmanuel Macron. «On est en train de se faire voler cette élection», a-t-elle déploré. «Si un président d’extrême droite faisait exactement la même chose depuis six semaines, tous les observateurs hurleraient au scandale», a-t-elle par ailleurs affirmé.
Le coordinateur national de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard a, lui, diffusé un communiqué de son mouvement, appelant à suivre la formule suivante : «Censure, mobilisation, destitution.» Le dirigeant insoumis a également mis en garde : «Toute proposition de Premier ministre autre que Lucie Castets fera l’objet d’une motion de censure». «Des marches pour le respect de la démocratie» auront lieu, a-t-il ajouté.
«J'appelle les Français à se mobiliser partout là où ils sont, dans les centres-villes, devant les préfectures», a pour sa part lancé le responsable communiste Fabien Roussel.
La difficile recherche d’une majorité
Si la porte est fermée du côté des partis de gauche, des membres de la majorité ouvrent la voie vers d’autres partenaires possibles. «On pourrait très bien discuter d’une coalition avec un socialiste comme Bernard Cazeneuve», a ainsi estimé Gérald Darmanin. «Le président de la République n'a pas écarté les socialistes et les communistes des responsabilités politiques», a d'ailleurs rappelé le ministre de l’Intérieur démissionnaire.
De son côté, le président du MoDem et allié de la première heure du président, François Bayrou, a balayé l’idée selon laquelle la gauche NFP devrait arriver aux manettes. «Ceux qui disent qu'il y a un vainqueur dans cette élection savent bien qu'ils disent n'importe quoi», a-t-il assuré. C'est le «Front républicain» qui l’a emporté, a-t-il encore estimé.
Du côté du Rassemblement national (RN), le député Julien Odoul a fustigé le NFP. «Il n'y a que chez les bolcheviques que les minorités peuvent imposer leur programme politique», a-t-il asséné.
Le président français va désormais devoir trouver une majorité. Après un premier tour de consultations débuté le 23 août et bouclé le lendemain, Emmanuel Macron a annoncé l’entame d’une deuxième série de consultations ce 27 août mais en excluant le RN, ses alliés ciottistes et LFI. Des échanges auxquels le PS, le PCF et les Écologistes refusent de participer. L’ensemble de ces six forces politiques comptabilise 308 députés, soit une majorité absolue.