Pavel Dourov, franco-russe et PDG fondateur de la messagerie cryptée Telegram, a été interpellé ce 24 août à 20h à la descente de son jet privé, à l'aéroport du Bourget par la Gendarmerie française des transports aériens, ont rapporté TF1/LCI puis BFMTV
Dourov arrivait d'Azerbaïdjan. Il est répertorié au fichier des personnes recherchées et était menacé par un mandat de recherche émis par la police judiciaire française.
Il lui est reproché l’absence de modération et de coopération avec les forces de l’ordre ce qui le rendrait potentiellement complice de trafic de stupéfiants, d’infractions pédocriminelles et d’escroquerie du fait des outils proposés par Telegram.
On ignore encore pourquoi Dourov, se sachant visé par ce mandat de recherche, est entré sur le territoire national français, accompagné de sa femme et de son garde du corps.
Les agents de l'Office national antifraude rattachée à la direction des douanes lui ont notifié sa garde à vue, a précisé TF1/LCI.
«En fin de compte, ce n’est pas Poutine qui l’a arrêté»
L’annonce a déjà suscité de vives réactions.
Le journaliste américain Tucker Carlson, qui avait interviewé Durov en avril dernier, a publié sur X : «Pavel Durov a quitté la Russie lorsque le gouvernement a tenté de contrôler sa société Telegram. Mais en fin de compte, ce n’est pas Poutine qui l’a arrêté pour avoir permis au public d’exercer sa liberté d’expression. C’est un pays occidental, allié de l’administration Biden et membre enthousiaste de l’OTAN, qui l’a enfermé».
«La dictature libérale ne tolère pas les solitaires qui revendiquent la liberté et ne respectent pas ses règles», a déclaré le sénateur russe Alexeï Pouchkov. Et d’ajouter : «Elon Musk, préparez-vous».
Ce dernier s'est quant à lui interrogé sur la liberté en France, avant de partager le hashtag #freepavel et enfin en prévenant dans un troisième message que l'on pourrait être condamné en 2030 pour avoir aimé un mème.
Zakharova dénonce l'hypocrisie des ONG occidentales
«L'ambassade de Russie à Paris, comme il se doit dans les cas où elle reçoit des informations sur la détention de citoyens russes par la partie locale, s'est immédiatement impliquée dans son travail», a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
Aussi a-t-elle dénoncé le deux poids deux mesures occidental : en 2018, «26 ONG, dont Human Rights Watch, Amnesty International, avaient condamné la décision du tribunal russe contre Telegram», appelant Moscou à cesser de créer des obstacles au travail de Telegram, les autorités russes ayant adopté une loi «obligeant les opérateurs de services de télécommunications à conserver pendant six mois les enregistrements des messages téléphoniques et du trafic Internet de leurs clients, ainsi que les clés permettant de décrypter la correspondance des utilisateurs et de fournir au FSB Russie sur demande».
Et Zakharova de conclure : ces ONG «vont-elles en appeler à Paris pour demander de libérer Dourov, ou vont-elles se mordre la langue ?»