France

Lucie Castets écarte l'idée d'une destitution de Macron et se place en vue de sa rencontre avec le président

En rejetant l’idée d’une destitution du président et en évoquant l’hypothèse de la cohabitation, Lucie Castets a pris ses distances avec La France insoumise le 19 août, sans pour autant entrer en conflit avec les troupes de Jean-Luc Mélenchon.

«Moi, mon sujet, ce n’est pas la destitution, c’est la cohabitation.» De passage sur BFMTV le 19 août au soir, la candidate désignée par le Nouveau Front populaire (NFP) Lucie Castets a écarté l’idée de recourir à l’article 68 de la Constitution pour destituer le président de la République, une hypothèse évoquée ces derniers jours par La France insoumise (LFI).

La candidate au poste de Premier ministre sera reçue le 23 août par le président de la République, à l’instar des chefs des partis d’opposition et des présidents de groupe à l’Assemblée nationale.

Alors que des signes de tension sont apparus au sein de l’alliance des gauches après la tribune publiée par Jean-Luc Mélenchon, le coordinateur national de LFI Manuel Bompard et la présidente du groupe parlementaire Mathilde Panot, la prise de position de la candidate Lucie Castets était attendue au tournant.

Castets joue la carte de la responsabilité

Pour elle, si le président venait à nommer un chef de gouvernement qui n’est pas issu de la coalition arrivée en tête, «l’option institutionnelle la plus simple pour répondre à une nomination d’un gouvernement qui ne correspondrait pas aux résultats des élections, c’est de censurer ce gouvernement». «C’est l’option la plus crédible et qu’il faut privilégier plutôt qu’une destitution», a-t-elle insisté.

«Moi, je ne viens pas des partis»

Lucie Castets a cependant tenu à ménager les Insoumis, déclarant ainsi : «Je ne commente pas les initiatives prises parti par parti, moi je ne viens pas des partis et je crois que c’est d’ailleurs pour ca que j’ai été désignée par l’ensemble des forces politiques du Nouveau Front populaire.»

Se plaçant dans le sillage du Parti socialiste et de son secrétaire général Olivier Faure, qui avait estimé le 18 août que la destitution était «impraticable» car supposant une majorité des 2/3 dans les deux assemblées, Lucie Castets ne s’en prend cependant pas frontalement aux Insoumis qui demeurent la première composante du NFP.

«Je souhaite que l’on avance», a-t-elle donc plaidé sur BFM, entendant se concentrer sur les aspirations des Français. «Ce qui est absolument urgent maintenant, c’est de mettre en œuvre la politique que les Français attendent, c’est-à-dire une politique qui renforce les services publics, qui apporte des réponses à leurs questions», a-t-elle encore déclaré.

Le Pen fait campagne contre Castets

Alors que plusieurs noms sont évoqués pour le poste de Premier ministre, notamment celui de Bernard Cazeneuve qui revient avec insistance, Lucie Castets semble donc avoir une carte à jouer.

Reste que la venue de la candidate NFP n’est en tout cas pas du goût de toutes les oppositions. La présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée Marine Le Pen, qui sera présente lors de la réunion du 23 août, s’est ainsi interrogée sur le réseau social X (ex-Twitter) : «À quel titre Lucie Castets prétend-elle participer à la réunion de vendredi à l’Élysée concernant les chefs de parti et les présidents des groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat ?»

L’ancienne candidate à la présidentielle a par ailleurs rappelé : «Elle n’est ni députée, ni chef de parti, ni présidente de groupe. Elle est imposée par la coalition minoritaire du NFP. C’est une décision qui s’apparente à un coup de force.»

Issue d’un compromis au sein de la coalition NFP, Lucie Castets devra poursuivre son numéro d’équilibriste qui consiste à se montrer prête à gouverner sans froisser ses alliés de La France insoumise.

Le nœud gordien des négociations semble d’ailleurs résider dans la place que prendront les Insoumis dans un gouvernement de gauche alors que le centre macroniste, Les Républicains et le Rassemblement national ont tous affirmé qu’ils censureraient un exécutif incluant un ministre issu des rangs de LFI.