«Envoyer des militaires sur le sol ukrainien, c'est évidemment prendre le risque qu'ils soient des cibles». Ce 7 juin sur les ondes de RTL, Marine Le Pen s’est insurgée contre les déclarations présidentielles tenues la veille. Si elle n’a pas montré d’hostilité à l’idée d’aider Kiev, notamment de former ses soldats, la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale s’est cependant fermement opposée à tout envoi d’instructeurs français en Ukraine.
Marine Le Pen s’est déclarée «frappée par la légèreté avec laquelle Emmanuel Macron évoque la perte potentielle de militaires français». La veille, lors d'une interview au 20h des chaînes TF1 et France 2, Emmanuel Macron a annoncé qu’il comptait livrer à Kiev des avions de chasse Mirage 2000, ainsi que former et équiper une brigade de 4 500 soldats ukrainiens. «Pourquoi voulez-vous que cela soit en soi un facteur d’escalade», avait notamment déclaré le président français, en réponse à une question sur la crainte d’une escalade si des militaires français venaient à être «ciblés et tués» par les forces russes.
«Ce qui est sûr c’est qu’on a le sentiment qu'il a envie d’une guerre» a fini par confier Marine Le Pen. «C’est ça qui me pose un problème», a-t-elle poursuivi, «en réalité on a le sentiment qu’il souhaite entrer en guerre et qu’il fait tout pour essayer d’aggraver la pression qui pourrait entraîner demain une escalade».
Macron «jette de l’huile sur le feu», dénonce NDA
Fustigeant une «grande mise en scène» avec «toujours ce florilège de mensonges, de fatuités et d'autosatisfaction», le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan avait dès la veille brandi sur X (ex-Twitter) le risque d'une «escalade nucléaire» à travers l'envoi annoncé des Mirages 2000.
Selon le député de l'Essonne, Emmanuel Macron «jette de l’huile sur le feu» et «prend le risque d’un engrenage nucléaire». L’ancien candidat à la présidentielle avait par ailleurs annoncé qu’il boycotterait l’intervention de Volodymyr Zelensky à l’Assemblée nationale qu’il considère comme une «instrumentalisation» de la guerre par le président français à la veille du scrutin des élections européennes.
«Ce soir, la France entre officiellement dans la guerre» a pour sa part lancé sur X Jean-Frédéric Poisson, président de Via et candidat sur la liste Les Patriotes aux élections européennes. «Le Parlement ne l’a pas décidé. Et les Français non plus. C’est terrible et indigne» a-t-il poursuivi et en concluant son message.
Une position radicalement opposée à celle de la tête de liste des Républicains (LR) aux élections européennes François-Xavier Bellamy, qui au micro de Sud Radio ce 7 juin a soutenu l’envoi de Mirages estimant que ceux-ci «font partie de l'équipement que nous pouvons apporter à l'Ukraine» et de préciser que selon lui «cette décision ne change pas grand chose». «Le président de la République n'est pas en train de soutenir l'Ukraine, il est en train de s'en servir» avait-il déclaré sur le plateau de BFMTV, dans la foulée des déclarations d'Emmanuel Macron.
Les gauches discrètes et un discours peu suivi
A gauche, les oppositions se sont montrées plus discrètes, les écologistes et les socialistes étant de sensibilité historiquement plus atlantiste. Le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon s’est lui contenté de réagir brièvement sur les réseaux sociaux en écrivant que le président «a parlé pour ne rien dire».
Pour autant, lors d'un meeting de la tête liste LFI Manon Aubry qui s'est tenu juste avant l'interview d'Emmanuel Macron, l’ancien candidat à la présidentielle a dénoncé à la tribune le début «d’une escalade» avec l’autorisation de frappes ukrainiennes en Russie à l'aide d'armes françaises et d’affirmer «nous ne voulons pas la guerre». «Si on fait ça avec du matériel français, ne vous étonnez pas qu'il y ait une réplique» a lancé Mélenchon à l'assistance.
«Avant d'annoncer qu'on va envoyer telle ou telle arme, on devrait en discuter à l'Assemblée nationale» a pour sa part réagi, sur BFMTV, le coordinateur général des Insoumis Manuel Bompard, quelques heures après l'interview du président français.
Le secrétaire général du Parti Communiste Fabien Roussel s’est de son côté montré ferme : «le président choisit, seul, l’escalade militaire en franchissant des lignes rouges qu’il avait fixées» et d’alerter : «ne nous laissons pas entraîner dans la guerre !».