France

Emmanuel Macron a fait pression sur Justin Trudeau pour lever les sanctions sur le titane russe

Le président français est intervenu en mars dernier pour obtenir du Canada des exemptions aux sanctions visant la Russie, pour préserver Airbus, selon des informations de Reuters. Une entorse aux tentatives de contraindre Moscou qui trahissent les difficultés des dirigeants occidentaux à ne pas pénaliser davantage leurs propres industries.

Des sanctions contre la Russie... sauf si nécessaire. Selon l’agence Reuters, qui cite trois sources proches du dossier, le président français Emmanuel Macron serait intervenu directement après du Premier ministre canadien Justin Trudeau pour accorder à Airbus et à d’autres entreprises aérospatiales un allégement des sanctions sur le titane russe.

La demande a été formulée lors d’un appel téléphonique le 29 mars dernier, après que le Canada a imposé des sanctions en début d’année, prenant au dépourvu les entreprises occidentales, les alliages spécialisés ayant été jusque-là épargnés par nécessité. Le lobbying d’Airbus a alors commencé immédiatement, raconte Reuters.

Emmanuel Macron a demandé au chef du gouvernement canadien des exemptions pour les entreprises européennes, Airbus dépendant toujours d’approvisionnements russes pour ses usines situées au Canada, toujours selon la même source.

Ottawa a d’abord tenu, avant finalement de modifier sa politique en accordant des dérogations à Airbus et d’autres entreprises. En avril, l’avionneur Bombardier et ses fournisseurs ont aussi bénéficié d’une exemption. La diplomatie ukrainienne a alors critiqué une décision «troublante», demandant à Ottawa de clarifier sa politique de sanctions.

L’affaire, portée au plus haut niveau gouvernemental, montre selon Reuters «à quel point les pays occidentaux ont du mal à punir la Russie pour sa guerre contre l’Ukraine sans endommager les chaînes d’approvisionnement des industries qui doivent être planifiées des années à l’avance».

La Chine annonce restreindre l'exportation de matériaux aéronautiques et militaires

L’entreprise publique russe VSMPO-AVISMA est le leader du marché du titanium, en raison de la qualité de son produit, d’une solidité et d’un poids parfaits pour les composants aéronautiques. Boeing avait de son côté annoncé cesser en 2022 l’achat de titane à la Russie, s’approvisionnant aux États-Unis.

Certaines sources de Reuters craignent que l’affaire ne donne aux pays fournisseurs l’idée d’user de la dépendance occidentale à l’égard de ces matériaux stratégiques pour riposter. La Chine a ainsi annoncé ce 30 mai restreindre à compter du 1er juillet l’exportation de matériaux nécessaires à la fabrication de composants aéronautiques et de gilets pare-balles.