Au lendemain de leur évacuation par les forces de l'ordre, plusieurs dizaines d’étudiants propalestiniens ont réinvesti des locaux de l’Institut d’études politiques de Paris dans la nuit du 25 au 26 avril. Selon des jeunes militants ou sympathisants du comité Palestine Sciences Po, joints par l'AFP, entre 50 et 70 étudiants auraient ainsi campé au 27 rue Saint-Guillaume, siège historique de Sciences Po.
Le comité, qui prévoit ce 26 avril de tenir une conférence de presse, réclame notamment «la condamnation claire des agissements d'Israël» par leur établissement, ainsi que «la fin des collaborations» avec toutes «les institutions ou entités» jugées complices «de l'oppression systémique du peuple palestinien». Le comité Palestine Sciences réclame également l'arrêt de «la répression des voix propalestiniennes sur le campus».
Ces étudiants de l'IEP de Paris mobilisés en faveur de la Palestine ont notamment reçu un appui politique, d'une partie de la gauche. «Je serai avec vous cet après-midi, Sciences Po j’arrive», a déclaré Rima Hassa sur X (ex-Twitter), colistière La France Insoumise pour les élections européennes.
Une mobilisation soutenue par une partie de la gauche
L'éviction de ces étudiants par la police, suite à une première occupation d'un bâtiment de Sciences Po débutée le 24 avril, leur avait déjà valu le soutien de la députée écologiste Sandrine Rousseau. «Honte à ce pouvoir. C’est scandaleux. Sortir des étudiants de Sciences Po, c’est une atteinte au droit de penser, militer, revendiquer», avait-elle lancé sur X.
Révolution permanente, émanation du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a appelé sur les réseaux sociaux ses sympathisants à rejoindre les étudiants de Sciences Po. Les jeunes Insoumis ont également apporté leur soutien à cette mobilisation, notamment par la voix de leur coordinatrice Emma Fourreau qui a par ailleurs adressé aux étudiants mobilisés le «salut reconnaissant» du fondateur du parti, Jean-Luc Mélenchon.
«Bazar immense», «police de la pensée» : condamnation au sein de la classe politique française
Cette mobilisation trouve des détracteurs dans tout l’échiquier politique. «La direction a le droit d’évacuer», a ainsi estimé sur BFMTV le candidat tête de liste pour les socialistes aux élections européennes Raphaël Glucksmann, lui-même issu de Sciences Po, s’attirant les critiques des Insoumis.
Sur LCI, le député du Rassemblement national et vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu a de son côté pointé du doigt la responsabilité du gouvernement qui, selon lui, «laisse s'installer un bazar immense dans nos universités». «Quelle honte cette fabrique d'intolérants et d'antisémites», a-t-il ajouté, évoquant l’école parisienne.
«Science Po ne doit pas devenir la police de la pensée» a, du côté de la majorité présidentielle, déclaré le député Renaissance Mathieu Lefèvre, estimant que ces étudiants cherchaient à «confisquer le débat». «Le débat oui, l'incitation à la haine et le blocage évidemment non», a ajouté l'élu, également président du groupe d'amitié France Israël au Palais Bourbon.
Depuis l'éclatement du conflit entre le Hamas et Israël, déclenché le 7 octobre par la sanglante attaque du groupe palestinien contre le sud de l'État hébreu, plusieurs universités parisiennes ont vu des étudiants se mobiliser en faveur de la Palestine. Le 25 avril, plusieurs dizaines d'étudiants s'étaient rassemblés à la Sorbonne pour faire entendre leur voix alors que le président de la République y prononçait son discours sur l’Europe.