«La police ne laisse entrer personne. Les gens peuvent partir, mais ils ne peuvent pas revenir. Les délégués ont un accès limité à la nourriture et à l'eau, qui ne peuvent pas être livrées. Qui le maire de la ville Emir Kir vise-t-il ?» Ce message a été posté sur les réseaux sociaux le 16 avril par le «NatCon» – un sommet national conservateur européen – et témoigne de la confusion qui a eu cours ce jour-là dans la commune bruxelloise de Saint-Josse.
En cause, le maire (bourgmestre) de la ville, Émir Kir, qui a pris un arrêté pour interdire ce sommet politique, qui devait se tenir mardi les 16 et 17 avril, afin de «garantir la sécurité publique». Ce dernier a ponctué sa communication sur le réseau social X (ex-Twitter) par la phrase «l'extrême-droite n'est pas la bienvenue».
La conférence rassemblait des personnalités conservatrices comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le «père» du Brexit Nigel Farage ou encore l’ancien candidat à la présidentielle française Éric Zemmour.
Plusieurs centaines de personnes étaient déjà présentes dans les locaux lorsque la police en a interdit l’accès. Parmi eux, des eurodéputés de droite de divers partis européens. Alors que Nigel Farage et Viktor Orban ont pu participer à l’événement, Éric Zemmour a lui été bloqué pendant plusieurs minutes par la police belge devant la salle.
Indignation des participants
Sur les réseaux sociaux le président du parti Reconquête a déploré : «Le bourgmestre socialiste Émir Kir, proche des islamistes turcs, utilise la police comme une milice privée pour interdire la conférence bruxelloise dont je suis l’invité avec Viktor Orban et Nigel Farage.» Éric Zemmour fait ici référence à l’exclusion du maire du Parti socialiste belge en 2020 pour ses liens avec l’extrême droite turque.
Les autres participants ont également dénoncé le dispositif mis en place par le maire. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a réagi sur les réseaux sociaux en affirmant : «La dernière fois qu'ils ont voulu me faire taire en envoyant la police, c'était en 1988 avec les communistes.»
Le Britannique Nigel Farage a lui dénoncé l’action du maire qu’il a qualifiée d’«antidémocratique, anti-liberté d’expression». Celle-ci «constitue une excellente publicité pour le Brexit», a-t-il ajouté.
Des chefs de gouvernements également inquiets
Le chef du gouvernement belge, le libéral Alexander De Croo a tenu à dénoncer l’attitude du maire Émir Kir, décrivant cette interdiction comme «inacceptable». Et d’estimer que «l'autonomie communale […] ne peut jamais l'emporter sur la Constitution belge qui garantit la liberté d'expression et de réunion pacifique depuis 1830. Interdire les réunions politiques est inconstitutionnel. Point final».
Son homologue britannique Rishi Sunak a de son côté évoqué une décision «extrêmement inquiétante» quand la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni a déclaré, dans des propos repris par France 24 : «Cela nous laisse incrédules et consternés.»
Le «NatCon» a finalement été maintenu dans les locaux qui n’ont pas été évacués et le 17 avril, la seconde journée du sommet a bien eu lieu sans entrave, le Conseil d’État belge ayant autorisé la tenue de l’événement.