En France, 20,26% des enseignants étaient grévistes ce 1er février, selon le ministère de l'Éducation. Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré (enfants âgés de 11 à 18 ans), a lui estimé le taux de grévistes dans les collèges et lycées à 47%, et la FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire, avançait 40% de grévistes dans les écoles maternelles et élémentaires.
À Paris, une manifestation était organisée à 14h en direction du ministère de l'Éducation nationale, à l'appel des principaux syndicats enseignants. D'autres défilés avaient lieu dans de nombreuses villes, rassemblant par exemple 1 600 personnes à Marseille (sud-est), 2 300 à Rennes (nord-ouest), 2 300 à Nantes (ouest) et 1 700 à Rouen (nord-ouest), selon les autorités,
Des lycées ont fait l'objet de blocages dans plusieurs villes, notamment dans la capitale, mais aussi dans le sud-est du pays, à Marseille ou Montpellier. «Profs/Élèves même combat», pouvait-on lire sur une banderole devant le lycée Voltaire, dans l'est de Paris, où environ 200 jeunes étaient rassemblés.
«Toutes les AOC ne sont pas des grands crus», affirmait une pancarte à Marseille et à Nantes, jouant sur le sigle du label «Appellation d'origine contrôlée» similaire aux initiales de la ministre Amélie Oudéa-Castéra, dont les déclarations ont «mis les enseignants très en colère», a expliqué à l'AFP Valérie Zika Dussol.
«On veut changer de ministre !»
«Elle a tenu des propos très méprisants en mettant en avant l'école privée», estime cette enseignante d'une école primaire de Martigues (sud-est) et syndicaliste, ajoutant : «On veut changer de ministre !»
«Oudéa-Castéra 0/20 Au coin !», «Oudéa-Castéra médaille d'or du mépris», «AOC : mets tes baskets (tu seras moins hors sol)», pouvait-on lire sur des pancartes du défilé parisien, où à quelques semaines des JO dans la capitale française, de nombreux manifestants collaient sur leurs vestes des autocollants «mépris 2024» avec les anneaux olympiques.
Promue il y a trois semaines à la tête d'un super-ministère, dans lequel l'Éducation et la Jeunesse s'ajoutent aux Sports et aux Jeux olympiques dont elle avait déjà la charge, Amélie Oudéa-Castéra a cristallisé le mécontentement du monde enseignant.
Les déclarations polémiques de la ministre dès sa prise de fonction, où elle a justifié l'inscription de ses enfants dans un établissement privé élitiste parisien, Stanislas, par «des paquets d'heures pas sérieusement remplacées» dans le public, des affirmations démenties par l'ex-enseignante de son fils en maternelle, ne sont toujours pas passées.
Depuis, la ministre s'efforce de déminer, mais d'autres polémiques ont suivi. Cet appel à la grève des personnels de l'éducation avait été lancé en décembre, avant qu'elle ne succède dans la fonction à Gabriel Attal nommé, lui, Premier ministre.