France

France : deux morts à un barrage, les blocages d'autoroutes se multiplient

Une voiture a forcé un barrage d'agriculteurs à Pamiers, en Ariège. Une femme est décédée, puis sa fille plus tard dans la journée. De nouvelles actions sont menées par les manifestants, des blocages sont signalés sur l'A62, l'A16, l'A64, l'A4 et l'A75. La préfecture d'Agen a elle aussi été ciblée.

Une agricultrice et sa fille ont été tuées, son mari grièvement blessé, après avoir été renversés ce 23 janvier à l'aube sur un barrage routier d'agriculteurs dans le Sud-Ouest, selon des sources concordantes. Les trois occupants de la voiture qui a foncé sur le barrage ont été interpellés et placés en garde à vue, selon une source policière.

«Dans le moment particulier que vit l'agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre», a déclaré le président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, Arnaud Rousseau. 

La préfecture d'Agen visée

Au lendemain d'une réunion apparemment infructueuse avec le gouvernement, le mouvement s'étend ce 23 janvier avec de nouveaux blocages sur de grands axes. Le reporter Clément Lanot a signalé une action devant la préfecture d'Agen.

Vers 4h (3h GMT), «une trentaine de tracteurs avec des remorques contenant des bottes de paille et du lisier» ont bloqué la circulation sur l'A7, entre Lyon et Valence (sud-est du pays), selon la préfecture de la Drôme.

Des déviations ont été mises en place, mais les voies alternatives restent très encombrées, selon un photographe de l'AFP.

Dans le Sud-Ouest, deux nouveaux blocages sont apparus sur l'autoroute A64 à Pau et sur l’A63 à Bayonne, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. «À cette heure, l'accès à l'Espagne depuis l'A64 reste accessible», précise-t-elle toutefois sur X (ex-Twitter).

À Agen, les agriculteurs bloquent toujours l’A62, où ils ont pris position avec des dizaines de tracteurs le 22 janvier.

Le trafic ferroviaire reste également perturbé, indique ce 23 janvier le compte X du réseau régional de Nouvelle-Aquitaine, après que des agriculteurs ont déversé des pneus sur les voies la veille au soir.

Les jeunes agriculteurs de Gironde et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) de Gironde ont appelé, selon Sud-Ouest dans l'après-midi, à «une action de blocage symbolique» sur la Rocade de Bordeaux le 24 janvier, qui ne se «lèvera que lorsque le Premier ministre actera son déplacement en Occitanie».

«Bouger les lignes»

De «petites actions» ont aussi eu lieu dans l'Est le 22 janvier au soir, notamment au péage de Saint-Avold où des barrières d'autoroutes ont été démontées, ainsi qu'un blocage à la frontière allemande à Sarrebruck, selon Fabrice Couturier, responsable du principal syndicat agricole dans la région, qui annonce plus d'actions à partir du 24 janvier.

Le 22 janvier au soir, le gouvernement a accueilli les syndicats majoritaires pendant un peu plus de deux heures, sans annonce à la sortie.

La mobilisation peut durer «une journée», «une semaine» ou «le temps qu'il faudra pour que les réponses soient apportées», a déclaré le 23 janvier le président de la FNSEA. 

La veille, à sa sortie de Matignon, il avait dit attendre du Premier ministre des déclarations «qui fassent bouger les lignes sensiblement», évoquant une remise immédiate sur le gazole pour les tracteurs, au lieu d'un remboursement sur facture et déclaration.

Gabriel Attal veut «aller vite», «dans la semaine» pour certaines annonces, a affirmé dans la foulée le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.

Réduire les «paperasseries»

Le premier syndicat agricole français a remporté depuis plusieurs années de nombreux arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l'eau ou les pesticides, mais les agriculteurs continuent de se plaindre de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien leur vie.

Parmi les multiples revendications entendues sur le terrain : des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du gazole pour les tracteurs, être indemnisé plus vite après des calamités ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les agriculteurs.

Gabriel Attal avait déjà promis le 20 janvier de «faciliter la vie» des agriculteurs en réduisant les «paperasseries».

Le gouvernement craint un embrasement car, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le «Pacte vert» européen. 

S'exprime de façon diffuse une «exaspération» commune face à une «surchauffe réglementaire», estime Christiane Lambert, présidente du Copa-Cogeca, l'organisation des syndicats agricoles majoritaires européens. 

Ce 23 janvier, les ministres européens du secteur agricole se réunissent à Bruxelles.