Pas de trêve des confiseurs pour Gabriel Attal. Le ministre de l’Éducation propulsé à la tête du gouvernement ce 9 janvier pour remplacer la sortante Élisabeth Borne a fait face à une avalanche de critiques venue des oppositions. Des déclarations d’hostilité qui, à travers le nouveau chef du gouvernement, ont surtout visé le président de la République.
«Attal retrouve son poste de porte-parole», a raillé Jean-Luc Mélenchon sur X (anciennement Twitter). «Malheur aux peuples dont les princes sont des enfants», a-t-il philosophé. Avant d'ajouter : «Le monarque présidentiel gouverne seul avec sa cour.»
Même son de cloche du côté du député du Nord Adrien Quatennens qui, toujours sur la plateforme américaine, a estimé dès le 8 janvier que «pour un remaniement utile», il convenait de «remplacer la 5e République par la 6e République en convoquant une Assemblée constituante».
«École alsacienne, Sciences Po Paris, Assemblée nationale, ministère de l'Éducation nationale, Matignon : la carrière de Gabriel Attal tient dans un rayon de 6 kilomètres», a pour sa part asséné François Ruffin. «Dépassement et audace», mais quand même pas trop loin de sa classe», a insisté le député de la Somme.
«Emmanuel Macron se succède donc à lui-même», fustige Faure
«Macron décide de nommer un Macron Junior à Matignon», a déclaré la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot. Une formule assez proche de celle du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure : «Emmanuel Macron se succède donc à lui-même.»
«Du vieux avec du presque neuf», s'est contenté de commenter le député communiste des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharréville.
De l’autre côté de l’échiquier politique, le Rassemblement national (RN) s’est montré également assez disert. Par ce choix, «Emmanuel Macron veut se raccrocher à sa popularité sondagière pour atténuer la douleur d’une interminable fin de règne», a affirmé Jordan Bardella, président du RN.
«Clone d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal est l'étoile filante d’un théâtre politique qui ne cherche qu’à briller, ne laissant derrière lui que de la poussière et des promesses jamais exaucées», a commenté le député Jean-Philippe Tanguy.
«Que peuvent espérer les Français de ce 4e Premier ministre et de ce 5e gouvernement en sept ans ?», a interpellé la présidente du groupe RN à l’Assemblée, Marine Le Pen. «Rien», a-t-elle poursuivi, avant de tancer le «ballet puéril des ambitions et des egos».
«C’est aux actes que nous jugerons Gabriel Attal», estime Retailleau
Les Républicains se sont montrés plus divisés sur le sujet. Sur CNews, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy était à l'offensive, déclarant avant même l’annonce de la nomination de Gabriel Attal à la tête du gouvernement que ce remaniement était «le symptôme du vide politique actuel». «Si Gabriel Attal est favori pour Matignon, ce n'est pas pour ses idées ou son action, mais pour ses sondages», a-t-il ajouté.
«C’est aux actes que nous jugerons Gabriel Attal. Il sera un bon Premier ministre s’il parvient à mener une bonne politique pour la France», a déclaré sur X le président du groupe sénatorial de la droite et du centre Bruno Retailleau. Le président de LR Éric Ciotti a lui tenu à exprimer ses «vœux sincères de réussite» au nouveau Premier ministre tout en souhaitant une «autre méthode de gouvernement».
Lot de consolation pour le nouveau Premier ministre, celui-ci a reçu le soutien de membres du gouvernement, à l’image de la ministre de la Famille Aurore Bergé et du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, pourtant pressenti à ce poste.
Également pressenti pour ce poste, Gérald Darmanin s’est fendu d’un court message de félicitations en milieu d’après-midi sur les réseaux sociaux. Plus tôt dans la journée, le ministre de l’Intérieur avait évoqué cette actualité lors d'un point presse. Insistant sur ses origines «populaires», l'ancien LR avait déclaré ne pas avoir «fini» sa mission place Beauvau.