Emmanuel Macron a contredit la ministre de la Culture Rima Abdul Malak qui avait annoncé le 15 décembre qu'une «procédure disciplinaire» serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur à l'encontre de Gérard Depardieu, visé par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle, et mis en examen dans l'un des deux cas. L'acteur réfute ces accusations.
«Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l'homme. Je déteste ça», a répondu le 20 décembre le président français sur la chaîne de télévision France 5. Le chef d’État s'est dit «grand admirateur de Gérard Depardieu [...] un immense acteur». «Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier [...] Il rend fier la France», a poursuivi Emmanuel Macron.
Dans la même émission, «C à vous», Rima Abdul Malak avait estimé le 15 décembre que les propos de l'acteur rapportés dans le reportage «Complément d'enquête» faisaient «honte à la France».
Dans ces images, diffusées sur France 2 début décembre, le géant du cinéma français, connu pour avoir interprété le commissaire Maigret comme Cyrano, multiplie les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, n'épargnant pas une fillette avec ses propos obscènes.
Emmanuel Macron a jugé le 20 décembre que Rima Abdul Malak s'était «avancée» en parlant d'une procédure qui pourrait ôter la Légion d'honneur à l'acteur. «Il y a parfois des emballements sur des propos tenus. Je me méfie du contexte», a-t-il insisté. «J'ai compris qu'il y avait des polémiques sur des [passages] du reportage», a-t-il précisé, reprenant les arguments de membres de la famille Depardieu dans une tribune du Journal du dimanche.
L’ordre de la Légion d’honneur «n’est pas là pour faire la morale», assure Macron
Ces derniers, dont l'actrice Julie Depardieu, ont dénoncé une «cabale», évoquant «une mise en scène» et des plans de coupe «suspects» dans le reportage. Et le président Macron d'ajouter que la Légion d'honneur (remise en 1996 par Jacques Chirac), «c'est un Ordre dont je suis en effet le grand maître, qui n'est pas là pour faire la morale».
«Et donc ce n'est pas sur la base d'un reportage ou de telle ou telle chose qu'on enlève la Légion d'honneur à un artiste parce qu'à ce tarif-là, on aurait enlevé la Légion d'honneur à beaucoup d'artistes», a encore souligné le chef de l'État. «Vous pouvez accuser quelqu'un, il y a peut-être des victimes, mais il y a aussi une présomption d'innocence qui existe», a-t-il conclu, craignant de basculer dans «l'ère du soupçon».
Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, a immédiatement critiqué ces propos sur ses réseaux sociaux : «Les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat... Ce président ne croit à rien de ce qu'il annonce quels que soient les sujets.»
«Les mots d'Emmanuel Macron au sujet de Depardieu sont encore une fois une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles», a également taclé sur ses réseaux la députée écologiste Sandrine Rousseau. Sophie Bussière, porte-parole des écologistes, a dépeint sur ses réseaux un président de la République «promoteur en chef de la culture du viol».
Le 16 décembre, au lendemain des déclarations de Rima Abdul Malak, assurant qu'un conseil de l'ordre de la Légion d'honneur allait «se réunir et engager une procédure disciplinaire» à l’encontre de Gérard Depardieu, les avocats de ce dernier avaient annoncé que l’acteur mettait sa Légion d'honneur «à la disposition» de la ministre de la Culture.